Sauf les fleurs par pilyen
Petit roman par la taille, grosse émotion ! Ou comment sur un sujet tant et plus rebattu, faire fort et nouveau.
La thématique de départ est simple : une adolescente, Marthe, consigne ce que fut sa jeune vie coincée entre une mère aimante et un frère et aimé mais surtout un père dont la seule expression se résume par les coups qu'il assène continuellement à son épouse. La violence, la peur, la honte, l'isolement, une perpétuelle souffrance s'inscrivent au plus profond de sa chair, de son être. Dans cet univers noir quelques rayons de douce lumière viennent éclairer son quotidien. L'école tout d'abord, où une enseignante va lui faire découvrir la lecture et particulièrement Eschyle, qui deviendra le fil conducteur de sa vie. Les animaux de la ferme où elle vit, seront également porteurs d'une chaleur réconfortante lors des nombreux moments de désarroi. Florent, enfin, tel un prince charmant, qui saura l'arracher provisoirement de cet enfer familial.
La richesse de ce roman est infinie, tant les thèmes se répondent, s'entrechoquent, se questionnent. L'animalité qui est en nous, la vengeance plus forte que la culture et l'amour sont évidemment au coeur du livre qui s'apparente à une tragédie grecque. On n'a pas besoin de connaître l'Orestie, la trilogie d'Eschyle, dont le destin de Marthe fait écho, pour en apprécier la force et sentir l'émotion nous submerger au fil des pages.
Mais toutes les références ne sont pas grand chose à côté de l'écriture de ce roman. Une prose poétique, que l'on pourrait chanter (comme un choeur antique ?), tellement les mots employés sonnent forts, justes mais aussi étranges. Marthe, à l'enfance brisée, murmure un langage qui se cherche, fait d'ellipses et de raccourcis parfois déstabilisants, comme si certains mots étaient morts sous les coups du père. Ainsi, alors que sa mère est sur son lit d'hôpital, soudain, comme une envolée, Marthe écrit :
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