Détermination d'une critique(Garantie sans Spoilers)

Introduction


Difficile que d'écrire une critique sur "l'entité" qu'est Sens. Car Sens est un livre, certes, mais aussi un jeu de rôle, assurément, un livre de philosophie, et surtout une transformation de soi, une mutation qui débute dès la lecture ou la première partie de jeu de ce premier tome qu'est Sens Renaissance. Une chose est sure, on ne sort pas de Sens, exactement comme l'on était avant d'y entrer.


Mais qu'est ce que Sens au premier abord, pour le néophyte qui lit ces lignes ? C'est un jeu de rôle indépendant de philo-fiction (qui incite, au travers d'un récit fictionnel, à faire réfléchir les joueurs sur des questions philosophiques et métaphysiques), divisé en 6 tomes formant la saga "Sens - Hexalogie" et écrite par Romaric Briand.
Un tome représentant une série de "scénarios" se suivant à la manière d'une série (un tome équivaut à une saison) et que les joueurs vivent en jouant leurs personnages, á la manière d'une pièce de théâtre d'improvisation, régie par un certain nombre de règles.


Il existe deux manières de vivre Sens : Le lire, ou le jouer. La seconde manière est évidemment bien plus complexe, complète et intense que la première, et de par la nature même de cette œuvre (une œuvre philosophique, abordant les thématique du réel, du déterminisme ou du choix), il est recommandé aux personnes ayant débuté Sens par le jeu, de ne jamais ouvrir les livres sous peine de spoilers tellement impitoyables et irrémédiables, que leur expérience de jeu n'en sera que ruinée, biaisée par les révélations choc. Donc, chers joueurs, avant de penser à poser vos mains sur ces ouvrages. Finissez vos parties de Sens, terminez vos campagnes (celles que l'auteur aura écrites tout du moins, seulement 3 tomes sur 6 sont sortis jusqu'à présent).


Ici sera critiqué uniquement l'ouvrage, le jeu de rôle dépendant de nombreux facteurs tels que la qualité dramaturge du maitre de jeu, les décisions prises pendant les parties, les partis pris des joueurs, les réflexions philosophiques ayant émergées des tables de jeu.... Chaque partie de jeu est une histoire, un livre que les joueurs écrivent eux-mêmes et donc en soi, le jeu ne peut être critiqué.
Voici donc une critique du premier tome de l'Hexalogie Sens : Sens Renaissance.


"Ma maman, elle m'a dit que j'étais spécial !"


Il est certain que Sens Renaissance marque le premier pas dans quelque chose de gigantesque : Le livre transpire l'ambition à chaque phrase, au travers de sa mise en scène, son style d'écriture. Quelque chose émane de ce livre et lors de la première lecture, il est indéniable que l'on se trouve en présence de quelque chose de différent des autres récits du genre.
Original, profond mais aussi inachevé, frustrant... nombreux sont les adjectifs qu'on peut donner à ce premier tome. L'auteur est encore balbutiant dans ses propos et ses idées et l'on sent malgré son ambition qu'il éprouve sans doute des difficultés à mettre en forme et en mots, ses idées que l'on soupçonne brillantes et convaincantes. La faute probable à un désir de garder un maximum de mystères et de cartouches scénaristiques pour la suite se sa saga. Sous cette pression, ce premier tome s'avère assez brut. Mais si certains peuvent considérer cela comme un défaut, d'autres peuvent y voir une qualité : Pour chaque explication, réponse donnée, plusieurs questions apparaissent. Et c'est par ce procédé que l'on entre dans la dimension philosophique de l'œuvre, une véritable mise en abime subtile et intelligente. Bravo. Mais là ou l'on peut vraiment saluer le travail de Romaric, c'est qu'il réussi avec brio à expliquer des concepts de philosophie de manière simple et compréhensible, voire même de manière ludique, pour les néophytes de la philosophie.
Une dimension philosophique qui puise ses références dans de nombreux concepts et essais, la source philosophique principale de Sens restant Ludwig Wittgenstein et son Tractacus Logico Philosophicus. On y trouve néanmoins aussi des références à Pascal ou encore Héraclite. Les joueurs et lecteurs pourrons également faire nombre de rapprochement avec Descartes ou Nietzsche, mais cela dépendra bien sur de leurs raisonnement et des questions qu'ils développerons eux même. N'est ce pas cela, la nature même de la philosophie ?


Star Philo


Passons au récit lui-même, sans spoiler naturellement. Sens propose ainsi un univers mêlant plusieurs genre fictionnels : Post-apocalyptique, Science-Fiction, Hard-Science, Steampunk.... Si l'univers est plus ou moins modélisé via les interprétations des joueurs, Romaric Briand donne les bases d'un univers assez unique en son genre, puisant dans de nombreuses références des genres sus-citées : La franchise de jeux-vidéos "Metroid" de Nintendo en est un exemple. Une ambiance particulière mettant en scène une palette de personnages non-joueurs extrêmement charismatiques (le duel entre Myphos Quadria et Soren Sollipsis est à la hauteur des grands duels de la littérature tels que Sherlock Holmes contre James Moriarty) et avec qui les joueurs pourrons interagir de manière très intéressante : par le combat, mais aussi par les mots ou les actes.
Le livre contient 6 actes (ou scénarios pour les joueurs) retraçant les débuts d'une équipe de héros au sein d'une organisation chargée de libérer la Terre du joug d'une coercition impériale. si le récit peut paraître basique au premier abord, il n'en est rien (la faute aux spoilers probables, on ne peut que résumer au strict minimum ici, sois damné Sens !) et sert principalement de contexte pour développer le réel intérêt de ce tome : la découverte de l'univers, des personnages, des ennemis et des premières idées philosophiques.


"Immersion positive"


Enfin, le lecteur trouveras en dernière partie de ce livre, nombre d'appendices sur l'univers de Sens et règles de jeux, qui servirons essentiellement de support de jeu. La structure de ces règles montre bien à quel point le jeu de Romaric Briand est original et unique en son genre, mais aussi déstabilisant pour tout joueur aguerri de jeux de rôle classiques tels que Donjons & Dragons ou encore Pandémie : Absence de dés de jeux, système de combat propre, au tour par tour, certes, mais incitant le joueur à une imagination quasi sans limite et ou la théâtralisation et l'immersion jouent une place essentielle.
Néanmoins, comme dit précédemment, et d'ailleurs, cité dans le livre lui-même tel une confession : Le premier tome reste trop avare en explications et en clarté sur de nombreux concepts qu'il invente de toute pièce. Un détail qui cependant a surtout un impact sur le jeu et non sur le livre.


Conclusion


Voila, en dernier mot sur cette introduction a Sens, on conclura qu'au delà de l'aspect narratif et ludique, Sens permet une véritable remise en perspective de l'univers qui entoure chaque lecteur, et entreprend de lui donner les clefs de la transcendance du réel, de la fiction et de sa propre condition. Comme disaient certains philosophes : Nous ne cherchons jamais les vérités, mais la recherche de ces vérités.

Logan_Reynolds
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le 7 juil. 2015

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