Jeune avocat pénaliste aux talents indéniables, Adrien Finden a ce côté suffisant qu’adoptent parfois ceux à qui tout réussi. Alors qu’il commence à se faire un nom dans les tribunaux, il décide de reprendre une affaire à la demande pressante du fils d’un prévenu: chauffeur routier renvoyé de son travail pour avoir fumé un joint dans son camion, celui-ci est en effet reconnu coupable de trafic de drogue et condamné à seize ans de prison. L’homme parait plutôt balourd, intellectuellement limité, loin de l’image qu’on se fait d’un trafiquant. Adrien plaide brillamment la relaxe, l’obtient pour son client avec la satisfaction du travail bien fait… excepté qu’il se rend bientôt compte qu’on s’est joué de lui. Commence alors une véritable traversée du désert pour l’avocat, entre coup de sang qui lui vaut une suspension, menace de procès pour coups et blessures, rupture sentimentale… il va devoir se livrer à une véritable introspection, aidé en cela… par un mystérieux presse-papier aux inclusions bleu-noisette, et le fantôme de sa soeur décédée longtemps auparavant, mais n’a jamais cessé de veiller sur lui.
Autant le dire tout de suite: j’ai d’abord hésité à le lire en raison du titre. si le résumé de la page 4 m’attirait davantage, je me suis demandé si j’allais me retrouver dans une énième histoire de développement personnel, qui j’avoue me laisse absolument froid, n’ayant jamais trouvé le moindre intérêt dans cette littérature qui ne m’apporte rien. Le feel-good ? non merci, je passe. Pourtant, je me suis plongé sans hésiter dans le livre d’Antoine Paje, pour plusieurs raisons: d’abord, parce que l’écriture est fluide et plaisante. Un roman qui pourrait passer pour un polar mais n’en est pas un. Un drame pris sur le ton de la légèreté. Le caractère parvenu d’Adrien Finden fait qu’on ne peut pas réellement éprouver de l’empathie pour lui, en même temps, on ne peut que saluer les efforts qu’il va déployer pour prendre conscience de ses défauts, et des moyens qu’il doit employer pour y remédier. L’auteur y ajoute une petite touche fantastique afin de justifier certains évènements, comme un deux ex machina qui n’a rien de gênant et ajoute au ton léger du récit.
Finalement, Seul celui qui se perd se retrouve un jour est un petit roman sympathique et assez bien foutu, sans temps mort, même si j’ai eu tendance à survoler les considérations de l’auteur sur l’échec, en fin d’ouvrage. Une littérature que je qualifierais de « vacances », sans notion péjorative, lorsqu’on veut pouvoir tourner les pages sans risque de se prendre la tête, et où tout est bien qui finit bien. Dans ce sens, l’auteur aura réussi chez moi à me faire oublier pendant quelques heures les traces de la vie quotidienne.