Un Australien ancien journaliste sportif qui écrit un roman sur le surf, il y a de bonnes chances qu’il sache de quoi il parle.
Le roman s’ouvre sur la découverte d’un personnage, Dennis Keith aka "DK" et sa rencontre avec une jeune journaliste spécialisée dans le surf qui souhaite raconter sa vie. Elle n’est pas la première à tenter le coup, mais c’est la seule et unique que M’man laisse entrer dans leur petit pavillon pour personnes âgées.
Qu’est devenu DK, légende vivante et pionnier du surf après ses succès de jeunesse ? Comment est-il devenu cet éternel adolescent attardé proche de la soixantaine ? Quelle a été sa vie depuis son ascension jusqu’à aujourd’hui avec tous les mystères qui l’entourent ? Points de départ d’une quête d’identité très intime et personnelle dans une époque maintenant révolue où le surf était autant un sport populaire qu’une communion avec les vagues.
La mécanique de construction du roman est d'une monotonie qui devrait lasser mais ce n'est absolument pas le cas. On alterne les temps entre les chapitres de DK jeune trainant avec son frère sur les compétitions de surf, avec sa vie de maintenant d'homme perdu dans son mythe et 450 pages sont passées, comme une petite étape dans la vie de Dennis.
Au-delà de la saga familiale, on se doute que l'absence du frère et de Lisa sa petite amie est au cœur du roman, que c'est cette incongruité qui fait l'intrigue, c'est franchement le mystère entourant le personnage de Dennis depuis son ascension au firmament d'un sport qui s'invente et qu'il invente qui fascine. S’il se considère en marge de la société il est pourtant malgré lui au cœur de ce nouveau sport, au cœur de la culture surf des 60’s et 70’s avant l’avalanche d’argent injecté par les sponsors. Parfaitement étranger à ce milieu j’ai craint de me perdre en vocabulaire spécialisé et coutumes inconnues. Heureusement, Malcolm Knox nous emmène dans son univers de sel, de sable et de vagues dans la gueule avec facilité. Truffé de personnages secondaires attachants, notamment la mère de Dennis et Rodney et le prêtre surfeur qui écourte la messe quand les vagues risquent d’être gâchées, "Shangrila" donne l’impression au lecteur de faire partie de ce petit groupe, d’être le spectateur privilégié de la création d’un mouvement.
Mon seul regret c’est de ne pas avoir lu ce roman attachant pendant les vacances. 8/10