Que s'est-il passé au château des Hohenzollern à Sigmaringen entre la fin de l'été 1944 et l'arrivée des Alliés au printemps 1945 ? Je savais mal ou trop vaguement ce qui s'était passé dans cette forteresse du Bade-Wurtemberg, placée hors du temps et du cours déchaîné de l'Histoire. C'est par les yeux de Julius Stein, le majordome du château, au professionnalisme exemplaire, à qui les allemands ont confié l'organisation de l'intendance, que l'on découvre le quotidien de la petite colonie française qui s'y trouve rassemblée. Le maréchal, lointain et plus distant que jamais, occupe avec son épouse un appartement de dernier étage. Ailleurs, se croisent ou s'évitent, Laval, Déat, Bonnard, de Brinon, mais aussi le docteur Destouches (Céline), l'ancien ambassadeur Abetz, des miliciens, quelques SS et bien d'autres personnes. Stein observe et entend tout. Les français commentent les événements du jour, essaient d'imaginer ce qui va suivre, se jalousent ; certains s'évitent. Que penses Stein de tout cela ? Qu'éprouve-t-il et que voudrait-il dire qu'il s'empêche d'exprimer ?
Une femme va l'aider, l'intendante du Maréchal. Et c'est un Stein auquel on ne s'attendait pas que l'on va découvrir dans les dernières pages ce ce passionnant roman, si bien écrit.