Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
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Comment présenter ce court, mais très dense et magnifiquement écrit, essai ? Je me bornerai à reprendre quelque unes de ses idées, vous invitant à vous reporter à la source. Suite à plusieurs actes de guerre, les armées françaises manœuvrent en France et à étranger face à ce qu’il faut bien appeler un ennemi « musulman ».
1 - Notre société réfute le fait religieux. La doxa progressiste affirme que les religions disparaitront progressivement, tandis que les libertés des individus croitront indéfiniment. Or, force est de constater que cette évolution tant espérée ne s’est produite qu’en Europe, et que rien ne permet de penser qu’elle se manifestera ailleurs dans le futur. Au contraire, pour n’évoquer que le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, nous assistons à un retour de l’islam suite à la faillite des trop fragiles États nés de la décolonisation. Nationalisme ou socialisme ont échoué à structurer ces pays.
2 - Notre seule réponse, c’est l’appel incantatoire à la laïcité républicaine. Comme la IIIe République est parvenue à dissoudre les scories de la chrétienté par une séparation de l’État et de l’Église, lui retirant l’éducation des enfants, la solidarité et la fixation de la norme, la Ve République viendra à bout de l’islam en France. C’est oublier :
- Que la IIIe République était suffisamment forte, extraordinairement sure d’elle-même, pour imposer son autorité, au besoin par la violence. Or, quarante années de déconstruction systématique ont désarmé notre État. Soucieux de proposer de nouveaux droits aux individus tous puissants, il s’est défait volontairement de l’essentiel de sa puissance.
- Que la République et la communauté catholique étaient indissociablement liées. Malgré les heurts, l’école laïque proposait une morale chrétienne sans Dieu et les croyants étaient et se voulaient français.
Un État faible ne viendra jamais à bout d’un islam fort et étranger à sa substance initiale.
3 – L’auteur propose un effort mutuel des deux parties.
- La France reconnaît aux musulmans le droit de vivre conformément à leurs aspirations, en leur refusant seulement la polygamie et le voile intégral.
- Les musulmans acceptent la liberté de critiquer leur religion. Le sempiternel argument de l’islamophobie ne saurait être invoqué.
- L’islam français s’autofinancera. L’État exigera la rupture des liens financiers et de subordination avec l’étranger.
4 – La fin de l’ouvrage se fait prophétique. Pierre Manent constate la vacuité de notre société. Depuis 1945, l’Europe post chrétienne s’est non seulement retirée de ses colonies, mais aussi de l’histoire. Elle rejette les frontières et toutes associations ou corps intermédiaires, à commencer par les nations et les religions, pour ne plus proposer que des droits individuels, sources exclusives de toute légitimité. La croissance d’un islam fort, unique forme de vie commune, dans ce vide sidéral ne pourra que conduire à l’islamisation par défaut de notre société, à moins que l’Europe des nations ne se réveille et retrouve ses puissances spirituelles. Il en compte cinq : l’islam, le protestantisme évangélisme, le judaïsme, l’idéologie des droits de l’homme et le catholicisme. Or, c’est ce dernier qui est le mieux à même, malgré sa légendaire intolérance, de se poser en médiateur et de porter l’espérance d’une nouvelle Alliance.
Août 2018
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le 4 oct. 2015
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