Dans ce premier roman autobiographique, publié en 2013 (à paraître en France fin août 2014 aux Presses de la Cité, avec une traduction de Santiago Artozqui), l’Américain Justin St. Germain évoque la vie et le décès brutal de sa mère. Quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, elle fut retrouvée morte dans son mobil home de Gleeson, petite bourgade fantôme à proximité de Tombstone, tuée par arme à feu sans doute par son cinquième mari Ray, un ancien flic aux yeux mornes et à la voix traînante, et qui demeurât introuvable après les faits.

Une décennie plus tard, le retour en arrière s’impose à lui, alors que l’auteur, maintenant trentenaire, sent sa vie qui s’effrite ; il va donc exhumer les souvenirs profondément enfouis, refaire le parcours pour tenter de comprendre, digérer la rage envers l’assassin, envers sa mère morte et sa vie d’écervelée, envers son impuissance à n’être rien d’autre qu’un homme en colère, un inutile de plus, dans une société ou les conflits se résolvent par le feu des pistolets, héritage direct des pionniers du Far West et de Wyatt Earp, célébrité qui a assuré la renommée de Tombstone.

«Cela fait maintenant dix ans qu’elle est morte et il ne reste d’elle que quelques reliques et mes souvenirs douteux. J’en sais plus sur Wyatt Earp que sur ma mère.»

Peinture intéressante, bien que sans surprises, d’une Amérique blanche démunie, à travers la vie fragile d’une femme instable, très loin des rêves des pionniers de l’Ouest américain, - une vie marquée par des divorces multiples, des changements d'emplois et des déménagements incessants, où cette femme ne peut compter que sur elle-même pour rebondir -, roman ambigu sur les armes à feu, révélateur de l’abime qui sépare sur ce sujet l’Europe de l’Ouest rural des Etats-Unis, «Son of a gun» est une introspection impressionnante, sans auto-apitoiement, mais au final un roman décevant, résolution d’un traumatisme avant tout, et qui exploite avec peu de subtilité la figure de Wyatt Earp et l’héritage de l’Histoire des États-Unis.

Finalement la plus belle phrase du livre est celle de James Ellroy citée en épigraphe : «Les morts appartiennent à ceux, parmi les vivants, qui les réclament de la manière la plus obsessionnelle.»
MarianneL
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le 11 juin 2014

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