Le texte de Victorine Brocher a beau être intéressant à bien des égards, il n'en demeure pas moins entaché par tout ce qui a pu faire les "historien-ne-s" du XIXe siècle : Le romantisme. En effet, l'autrice fait parler ses personnages et raconte avec une précision bien trop suspecte des "souvenirs" de quand elle avait 5 ans.. Je sais bien que l'ouvrage n' aucune prétention historique mais ça pousse à être constamment sur ses gardes quand aux erreurs qui peuvent être écrites, ça n'aide pas le plaisir de lecture. De plus, mieux vaut ne s'attendre ni à un portrait avant-gardiste de l'anarchie, ni à un long récit sur la commune. Pour le premier cas, V. Brocher a beau s'être revendiquée de l'anarchisme dans ses dernières années, ici elle applaudit sans gêne un autoritarisme militaire et un sexisme structurel parfois assez fort ( mariage, rôle d'appui, de mère, de soin etc.. ). En soi ça n'est pas bien grave cela s'explique par l'époque ( et une fois remis dans son contexte, le texte est même très progressiste ! ) mais vu la présentation qu'en faisait l'éditeur, je m'attendais à une personne encore plus subversive.
Quand à l'aspect Commune, ne vous attendez pas à un grand récit de ce grand moment d'histoire car déjà il ne correspond qu'à la deuxième moitié du livre, et ensuite le portrait qui en fait est à mes yeux assez pauvre.. Manquant d'informations sur "la vie de tout les jours" dans la Commune pour se concentrer sur l'organisation militaire, qui est à mes yeux bien moins intéressante.
Cependant ces mémoires résument assez bien l'esprit des français-e-s révolutionnaires du XIXe siècle ainsi que la Semaine Sanglante, racontée avec beaucoup d'émotion et d'intensité.
Mais au final, en dehors du plaisir de lecture assez médiocre que m'ont procuré ces Mémoires d'une morte vivante , que reste-t-il ?
Sans doute une œuvre importante pour continuer de nous rappeler que ce que les désespéré-e-s préfèrent appeler "utopie" est réalisable pour peu que nous soyons déterminé-e-s et organisé-e-s pour affronter nos ennemis.
A noter que la préface et la postface sont vraiment de bonne qualité !