Catherine Nay, éminente journaliste politique depuis désormais un demi-siècle, décide de retracer sa carrière en évoquant ses souvenirs personnels, comme évoque le titre, tiré d'une chanson de Johnny Hallyday. Elle assiste à la fin du gaullisme éprouvé par mai 1968, le chaotique passage de relais avec Georges Pompidou, rapidement tombé malade, la disgrâce de Chaban-Delmas, les intrigues de Giscard, Chirac et Mitterrand, non sans victimes collatérales.
L'histoire politique de la Ve République étant connue, il est insisté ici sur les méthodes d'investigation des médias et de l'auteure en particulier. Elle évoque ses états d'âme, ses opinions personnelles et l'évolution relationnelles concernant les grands acteurs politiques, n'hésitant pas à s'appesantir sur leur apparence physique, comme de la sienne. Aussi la vie privée des unes, des uns et des autres est-elle quelquefois évoquée, notamment la sienne propre. Cela présente le mérite de la franchise, sans que de telles précisions s'avèrent précisément pertinentes. De manière plus édifiante, elle retrace le mode de recrutement et de débauchage des journalistes des grands organes médiatiques, en fonction des va-et-vient des majorités, succès et revers de leurs responsables et de leurs sbires. Aussi livre-t-elle de manière éparse des éléments de psychologique du personnel politique expliquant des pans de leur stratégie.
Alternant badinage et étude de fond, Catherine Nay pratique un curieux mélange des genres, souvent instructif et doté de fraicheur, parfois étonnamment superficiel. On peut globalement se laisser tenter.