Après sept ans de guerre entre les Intelligences Artificielles rebelles de la Totalité et l’humanité, dirigée par les dieux du Panthéon (des consortiums qui se manifestent sous forme humaine), la Terre n’est plus qu’un gigantesque champ de ruines. La plupart des humains ayant échappé au conflit vivent à bord de Station, un immense complexe spatial. Jack a combattu la Totalité pour le compte du Panthéon, secondé par Hugo Fist, une intelligence artificielle de combat installée en lui. Considéré comme un traître parce qu’il a épargné l’une des l.A. rebelles, Jack revient des confins du système solaire pour trouver sur Station les réponses aux questions qui le taraudent depuis sept ans. Le temps presse: le contrat de licence d’ Hugo Fist arrive bientôt à échéance; au-delà , c’est l’I.A. qui prendra le contrôle, effaçant irrémédiablement l’esprit de Jack, le condamnant au néant.
Station : La chute est la preuve qu’il ne suffit pas de rassembler des ingrédients corrects pour faire un bon plat. Encore faut-il que la recette tienne la route…
Les ingrédients d’abord : une station spatiale, pas spécialement orignal mais toujours un cadre plein de potentiel. Une guerre contre un groupement d’I.A., c’est prometteur aussi. L’implant de l’I.A. de combat dans le cerveau et le corps du héros, pourquoi pas. Rajouter une couche de réalité virtuelle au sein des villes de la station, ça ouvre de nouvelles possibilités. La vraie bonne idée, c’est ce Panthéon de dieux incarnés dans des avatars et qui ont chacun leur personnalité et leurs secrets.
Ensuite, la recette. Et c’est là que ça se complique. Les dosages sont extrêmement déséquilibrés. Les dialogues entre Jack et son I.A. intégrée deviennent très vite agaçants, répétitifs, et l’évolution de leur relation est totalement prévisible. Si cet ingrédient est pressé comme un citron, d’autres sont peu ou pas utilisés. On ne fait qu’effleurer la nature et les motivations de la Totalité, par exemple.
Enfin, la cuisson est en grande partie incompréhensible. On déroule le fil de l’enquête policière dans un schéma déjà lu et relu cent fois, les péripéties se succèdent comme les combats, dont les protagonistes sortent victorieux ou défaits selon leur puissance que l’auteur choisit sans aucun contexte, de manière totalement arbitraire au gré de ses envies et de ses besoins. Tout est à l’avenant : les enjeux sont vagues, les l’exposition à l’univers est bancale, les motivations des différentes entités sont brumeuses, … Plutôt que d’être au service de son récit et de son univers, de leur donner de la cohérence, l’auteur choisit de tirer les ficelles qui l’arrangent pour faire avancer son histoire, et il devient très difficile de s’intéresser aux personnages et à tout ce qui se passe sur cette station.
Les lecteurs attentifs de ce blog auront bien compris que le cyberpunk n’y est pas le genre de prédilection. Ce n’est pas avec ce roman que ça va changer.
Al Robertson : Station : La chute – 2015
Originalité : 2/5. Beaucoup de choses déjà lues, souvent en mieux.
Lisibilité : 3/5. Pas désagréable mais qu’il est difficile de s’intéresser cette histoire.
Diversité : 3/5. En passant alternativement de la réalité sordide de la station à l’univers de réalité virtuelle qui s’y juxtapose, on évite la lassitude.
Modernité : 2/5. C’est pas parce qu’on met des I.A. partout que c’est moderne…
Cohérence : 1/5. On aurait bien voulu comprendre les ressorts de l’histoire, les puissances relatives des protagonistes, les motivations des personnages, …
Moyenne : 4,4/10.
A conseiller si les marqueurs du cyberpunk suffisent à votre bonheur.
https://olidupsite.wordpress.com/2025/01/26/station-la-chute-al-robertson/