Super triste histoire d'amour est une dystopie, version moderne du 1984 d'Orwell, qui est à peine un roman d'anticipation, tant il ressemble au monde d'aujourd'hui, encore plus dominé par les nouvelles technologies et marqué par l'effondrement total du capitalisme et de la société américaine. Dans le livre de Gary Shteyngart, celle-ci est désormais à la botte de l'économie chinoise et son armée est entraînée dans un conflit invraisemblable au Venezuela. Personne ne peut vivre sans son "äppärät", smartphone ultra sophistiqué qui permet de s'informer dans l'instant sur son interlocuteur : l'état de son compte en banque, son niveau de cholestérol et même son taux de "baisabilité". Le meilleur des mondes, à côté, c'est le paradis ! L'histoire d'amour impossible que raconte l'auteur est en effet super triste. A travers le journal que tient son héros et les mails "branchés" qu'envoie sa fiancé, le roman décrit une époque où la littérature n'a plus sa place. Ringardisée, reléguée aux oubliettes. "Les livres puent" et sont has been, c'est aussi simple que cela. Celui de Shteyngart est brillant et caustique, c'est indiscutable. Il est aussi redondant, longuet et bourré de passages sans grand intérêt, une fois les enjeux compris. Et souvent assez pénible à lire dans son aspect feuilletonesque qui multiplie les informations les plus incongrues. Avec l'impression déplaisante que Shteyngart se complait dans la description minutieuse et bourrative de ce monde où la vulgarité règne en maître.