Graham Robb, critique littéraire britannique de son état, parcourt l'Europe à vélo à ses heures perdues. Lors de l'un de ses voyages, il emprunte la route d'Hercule, cette voie reliant la péninsule ibérique à l'Italie du Nord en passant par les Pyrénées et la Provence qui aurait été empruntée par le demi-dieu grec lors de son 10ème travail. Robb remarque alors certaines curiosités sur la carte, des alignements d'anciens lieux de cultes et peuplements de l'époque pré-romaine, des motifs géométriques... Il n'en fallait pas plus pour piquer sa curiosité, et pour le pousser à passer des mois (ou des années) à enquêter.
Robb expose alors au lecteur incrédule sa théorie : les celtes, ces peuples réputés sauvages et sanguinaires, ont construit leur civilisation en fonction des chemins du soleil aux solstices, et des lignes de latitude / longitude. A base de calculs et dessins révolutionnaires et originaux, Robb montre que les capitales, les oppidums, et les divers lieux de cultes celtes semblaient disposés sur des lignes bien organisées, au kilomètre prêt, pour suivre la route des astres.
Pour prouver sa théorie ? Pas grand chose malheureusement. A la base de tout, le fait que certains druides, il semble, aient parlé une forme de proto-Grec, et ont donc pu recevoir une éducation grecque, incluant la trigonométrie. Et se sont donc naturellement mis à reproduire sur terre des angles et des chemins entre objets célestes pour définir comment et où leur peuple devait vivre. On est vraiment très (trop) proche de la pseudo-science.
J'ai trouvé que les plans et cartes (souvent mal légendés) ressemblent beaucoup plus aux élucubrations de théoristes du complot qu'à quelque chose un tant soit peu académique... Je laisserais le lecteur de cette critique juger sur pièce (liens en bas de page). De plus, j'ai eu une énorme impression de fumisterie, à base de "regardez la carte, ça saute aux yeux, toutes les villes qui s'appelaient Mediolanum (ou des variantes) sont sur une même ligne!", et quelques pages plus tard, l'auteur de reconnaître que "le nom de tous les peuplements de cette époque ne nous sont pas parvenus par delà les millénaires." L'oeuvre se veut de portée académique, voire révolutionnaire, mais l'impression de flou artistique est énorme, des contradictions à la pelle...
Pourquoi ai-je fini le livre, alors ?
Sans doute parce qu'en lisant en diagonale les (longs) paragraphes de révélations historiques sensationnelles, Robb a clairement fait en parallèle un important travail de recherche sur la civilisation celte. Des légendes sont rapportées, 50+ pages traitent de l'histoire de la guerre des Gaules, et l'idée selon laquelle une civilisation ne repart jamais vraiment de zéro lorsqu'elle en annexe une autre trouve ici de nombreux bons exemples (même si là encore, on retrouve quelques contradictions dans la prose de Robb).
Bref, trop de verbes au conditionnel dans ce livre... Robb a voulu mélanger un papier académique avec un Da Vinci Code, et le résultat est assez casse-gueule...
Exemples de cartes:
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