Du yeti au big foot, on connait tous le principe de l’homme sauvage. Florent Barrère nous propose ici d’aller à sa rencontre. Certes la chose est entendue. Mais ce que le titre ne nous dit pas, c’est que son attention est principalement tournée vers la France. Avec une plume facétieuse, l’auteur nous emmène avec lui en balade, sur les traces d’un folklore spécifique, celui d’une humanité à part. Ces hommes sauvages tels que Florent Barrère nous les présente sont variés en types et divers en nature. D’entités divines telles que le dieu Pan à des populations ségrégés tels que les cagots du sud-ouest, en passant par des êtres de légende à l’image des korrigans bretons, tout y passe, sans même prendre en compte les récits d’enfant sauvage. Tant et si bien qu’on se demande un peu quel est le vrais propos du livre.
Recueil de témoignages et de légendes ? Historique de la perception de l’homme sauvage ? Recherche cryptozoologique d’hominidés inconnus ? Même après avoir terminé la lecture on ne saurait dire.
Cette confusion se retrouve dès l’introduction, qui ne défini ni objet d’étude ni méthodologie d’approche, dans le plan (nous y reviendrons) et jusque dans la conclusion, qui faute de problématique claire ne peut répondre à rien.
Pour le plan, il relève du même aspect chaotique. Une introduction longue et qui commence déjà à enchainer les exemples, une première et une troisième parties dédiées respectivement aux Pyrénées et aux Alpes, avec au milieu une partie censée nous proposer une approche scientifique de la question. Déjà cette construction pose problème. Pourquoi ne pas commencer par la partie scientifique, pour écarter cette question d’entrée et pour ensuite venir à l’approche géographique ? Mais même au sein de ces parties, l’auteur nous perd dans des tours et des détours contre-productifs. Un même espace géographique (même aussi réduit qu’une vallée) peut être mentionnée à plusieurs reprises, alors même que l’ouvrage se targue d’une stricte division spatiale. Dans le même ordre d’idée, l’auteur peut commencer un ensemble de témoignage avec une récurrence de forme qui témoigne d’un véritable protocole, pour ensuite s’interrompre brutalement, sans explication ni raison. Enfin, et je reviens la dessus, l’objet premier du livre est difficile à déterminer. On ne parvient à dire si Florent Barrère prend au premier degré les légendes et le folklore, s’il est dans une démarche de cryptozoologie frontale ou s’il prend du recul sur cet aspect, et cherche surtout à rassembler des témoignages de différentes époques.
Au final je ne sais toujours pas si le livre essaie de défendre l’idée qu’il existe aujourd’hui encore une forme de néandertaliens pygmées dans les Alpes.
Une confusion du propos qui se retrouve dans le style. A force de faire des va et vient dans son propos, l’auteur s’emmêle, au point de répéter purement et simplement une même phrase à dix pages d’intervalle. Plus problématique, la gestion des sources manque de rigueur. Ainsi certains articles (dont un écrit par mon propre beau-père soit dit en passant) sont cités dans le corps de texte… et n’apparaissent pas dans la bibliographie. Une erreur impardonnable pour un universitaire.
Bon, une fois ce point mit de coté, le livre n’est pas déplaisant à lire. Il est même plutôt intéressant. Il donne l’impression de se promener dans la nature, en forêt ou en montagne tandis qu’un passionné de folklores et légendes nous raconte les récits du coin. Petit point personnel, j’ai beaucoup apprécié d’entendre des histoires au sujet d’endroit que je connais très bien. Il est juste regrettable que ces différents récits et témoignages soient délivrés de façon aussi anarchique.