Partie de campagne...
Le narrateur, Franck, aime la campagne. Lorsqu’il était enfant, ses parents avaient acheté une maison à Mortcerf (Seine et Marne) et gamin, il y passait tous ses week-ends et ses vacances. Et il...
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le 11 sept. 2016
Publié sur L'Homme qui lit :
La France est un beau pays, constitué pour l’essentiel d’une campagne luxuriante faisant face à des villes qui peinent à élargir leurs frontières. C’est de cette province historiquement agricole, faite de maisons en pierres et de corps de ferme isolés, de ces petits villages français typiques, construits autour de la place de l’église, dont il est question dans ce très beau livre de Franck Courtès.
Avec nostalgie, le narrateur quitte Paris pour une escapade provinciale avec quelques amis, ces « p’tits week-ends » que les parisiens exilés de province adorent. Dans cette campagne verdoyante qui l’a vu grandir et qu’il a vu changer, il retrouve un peu par hasard un camarade de son enfance, l’occasion pour lui de brosser le portrait d’une génération ayant connu l’urbanisation de ces terres jusque là protégées de tous les drames de la modernité.
Quentin a grandi dans les pas de son père et de son ouvrier, un garde chasse et un amoureux de la terre un peu coupé du monde, et se destine à reprendre le domaine, les ruines du vieux château avec ses douves pleines de poissons, les bois dans lesquels il organise la chasse le week-end. Né handicapé d’un pied malformé, il deviendra un garçon curieux et sensible, s’intéressant à la peinture et à la lecture, sans jamais mépriser le travail de la terre ni renier son amour pour la nature dans laquelle il vit toutes ses aventures avec son petit frère Benoît. Plus tard, il tombera amoureux d’Anne, une fille rêvant de s’installer en ville que même une grossesse accidentelle ne parviendra pas à faire rester à ses côtés.
Gary lui, semble être né d’une mauvaise graine. Issu d’une famille peu reluisante, il deviendra dés l’enfance un petit délinquant, les choses ne s’arrangeant pas avec le temps. Avec l’arrivée des banlieusards et des étrangers, chassés d’une capitale ne pouvant plus les héberger, cette campagne va se modifier, s’urbaniser, et offrir à Gary le tremplin idéal pour sa carrière de délinquant, le transformant en dealer de drogue dont les faits de violence le conduisent très jeune en prison.
Le récit se construit autour de cette lente transformation de la France, avec l’arrivée du béton, de l’agriculture industrielle, de la drogue et de la délinquance organisée. Les destins de Gary et de Quentin flirtent l’un avec l’autre, s’accrochant plus que de raison, tantôt à cause de son petit frère Benoît, devenu trafiquant pour l’argent facile, tantôt pour Anne, qui sombre dans la drogue et s’abandonne aux bras de ce voyou violent mais généreux avec sa drogue. La tension monte au fil des pages entre les deux, jusqu’au drame, inéluctable, qui d’un coup de fusil ramène le calme sur la campagne.
Franck Courtès livre avec Dans une majeure partie de la France un roman nostalgique sur la France de l’après-guerre, sur ces campagnes qui ont vu disparaître l’amour du terroir au profit de celui des immeubles et du béton, de ces fermes qui étaient reprises par les enfants et qui désormais sont soumises aux produits chimiques, au rendement, à l’industrie agro-alimentaire et aux banques. Un récit passionnant sur le destin de deux hommes qui s’opposent malgré leur proximité, et qui sans mélancolie, trace en toile de fond l’évolution d’une société et la transformation d’un territoire.
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le 19 janv. 2016
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