Neuf ans après « Chaos calme », le retour un rien décevant de Pietro Paladini.
Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/07/21/note-de-lecture-terres-rares-sandro-veronesi/
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le 21 juil. 2016
9 ans après Chaos calme, Sandro Veronesi reprend le fil de la vie de son personnage, le dénommé Pietro Paladini. A priori, il va mieux : il s'occupe bien de sa fille devenue majeure, il a une amie de coeur et son travail, sans être mirobolant, ne le stresse pas le moins du monde. Bien entendu, cette tranquillité apparente ne va pas durer, sous la plume sadique de Veronesi. Son héros (le terme lui sied peu) va se faire larguer, se fâcher avec sa fille et, cerise sur le gâteau, s'apercevoir que son associé dans les affaires est un escroc et que la police pourrait bien l'avoir dans son collimateur. Et voici donc Pietro en cavale, aussi impuissant et désemparé qu'un homard en pleine cuisson. Il faut l'avouer, c'est à la fois plaisant et pathétique de voir notre homme en désarroi. Nul doute qu'avec tous les ennuis qui lui tombent sur le râble, Pietro symbolise la masculinité moderne dans tous ses états, surtout les plus dépressifs, privé d'affection et (c'est presque pire sous la plume sardonique de l'auteur) de téléphone portable (hum). C'est la tempête sous un crâne qui intéresse Sandro Veronesi, celle d'un veuf qui perd ses repères à la vitesse grand V et se demande bien comment il va se sortir de sa mauvaise passe. On peut compter sur le romancier pour ne pas lui faire de cadeau, l'acculer avant de lui accorder une sorte de résilience, de façon fort miséricordieuse. Quel talent tout de même, ce Veronesi pour souffler le show et l'effroi à l'image du cinéma de Nanni Moretti (lequel a joué Pietro Paladini dans l'adaptation cinématographique de Chaos calme). Drôle et trépidant, Terres rares est très précieux pour ses longs moments de pause pendant lesquels ledit Pietro se demande si la vie a véritablement un sens, tout du moins la sienne. Faible mais combatif (quand on n'a plus le choix), cet homme-là est de ceux avec lesquels il est facile de s'identifier quand on est du sexe masculin et que l'existence n'est qu'une succession de doutes, de mauvaises nouvelles et d'interrogations sans réponses satisfaisantes. Il est pour le moins improbable que Sandro Veronesi lise cette modeste chronique mais si jamais il lui venait l'idée de poursuivre dans une petite décennie la suite des aventures de Pietro Paladini, il faut qu'il sache qu'on sera nombreux, en Italie ou ailleurs, à s'intéresser de très près à son sort. Parce qu'on a tous en nous quelque chose de lui, et surtout ses défauts et ses manques.
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Créée
le 17 déc. 2016
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