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The singer
The singer

livre de Cathi ()

Fin des Seventies, début des années 1980. La décennie accouche dans un déchaînement sonore du mouvement punk.
À Hull dans le nord de l'Angleterre, Kevin le batteur introverti, John le black faisant tâche dans le paysage et Steve le prolo un peu dingue forment leur groupe dans l'ombre tutélaire des Sex Pistols. L'expérience apparaît à la fois comme un exutoire à leur condition merdique et une catharsis bienvenue. Il leur manque juste un chanteur pour se déchaîner.
Vingt ans plus tard, Eddie Bracknell écrit un livre sur la carrière fulgurante du groupe Blood Truth, abattu à l'aube de la gloire par la disparition mystérieuse de son chanteur, Vincent Smith, leader charismatique et ingérable.
Pré-trentenaire paresseux, végétant entre deux piges, Eddie y voit comme une opportunité pour ressouder son couple vacillant et faire définitivement son trou dans la petite bourgeoisie du milieu de la presse musicale. Mais à trop remuer le passé, on déterre des cadavres...


« Si tu continues à emmerder les morts, viens pas pleurer quand les monstres sortiront de leur cercueil. »

L'enquête d'Eddie Bracknell, son opportunisme mâtiné de naïveté, fournissent le prétexte à une immersion au cœur de la scène punk. Un univers cruel, dominé par la frénésie et la violence. Un désir de jouir, vite, ici et maintenant, car de toute manière l'avenir va droit dans le mur.
Cathi Unsworth connaît bien son sujet, ayant œuvré comme critique rock dès la fin des années 80. Elle montre que le show-biz a su immédiatement instrumentaliser la révolte des angry young men, prolétaires juvéniles et petits bourgeois en rupture, pour en tirer un maximum de profit, cannibalisant leur énergie pour en faire un pur produit commercial. Une union contre-nature entre la liberté et le fric.
Elle connaît bien également Londres, en particulier Camden Road, quartier colonisé par les dealers, les junkies et les poivrots au début des années 2000, dans une capitale vendue à l'ultra-libéralisme triomphant où les laissés pour comptes lèchent leurs plaies dans les friches urbaines.

« L'endroit d'où tu viens ne vaut quelque chose que si on peut en partir. »

Deux destins rocks fracassés sous-tendent l'intrigue de Cathi Unsworth. Deux formations musicales issues du mouvement punk et postpunk britannique. Blood Truth, quatuor punk évoquant un mix des Stranglers et des Clash. Puis Mood Violet, groupe empruntant sa substance à Siouxsie and the Banshees.
Entre la fin des années 70 et le début du deuxième millénaire, le passé dialogue avec le présent, suscitant échos, réminiscences et impressions de déjà vu (ou entendu). Les témoignages s'entremêlent, se contredisent ou redéfinissent les contours d'une réalité fluctuant au gré des points de vue. Tout cela sur fond de mouvement punk, de casse sociale et de tatchérisme décomplexé.
Et au fur et à mesure de l'enquête, tel un candide plongé dans une fosse d'aisances, Eddie dévoile les zones d'ombre, les haines recuites et les non dits d'une aventure rock aux motivations tristement prosaïques.

Au final, Le chanteur se révèle un roman noir addictif pourvu d'une playlist – les titres des chapitres – fournie en guise d'accompagnement sonore. Et mine de rien, Cathi Unsworth signe un livre empreint de saudade, cette nostalgie d'un temps qui n'a jamais réellement existé.
leleul
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le 15 juin 2012

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