Too good to put down

Le livre est un genre de documentaire racontant les événements de la crise financière de 2008 au travers de courtes scènes, dialogues et autres courtes biographies des intervenants. Reposant sur de nombreuses interviews, des documents récupérés et des témoignages, l'auteur recrée des scènes quasiment cinématographiques et assez brèves qui donnent un impact particulier à ce texte qui pourrait paraître un peu rébarbatif a priori.
Pourtant ça fonctionne, Andrew Sorkin ménage ses effets, travaille son rythme et sa structure pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au bout.
Il y a plusieurs choses frappantes dans cet ouvrage :
- Le fait que bon nombre des acteurs de cette histoire réelle (patrons des plus grosses banques de Wall Street, membres du gouvernement américain, etc) sont de vrais malades mentaux. Entre Paulson dont on estime le quotient émotionnel à 0, Fuld qui est dans le déni jusqu'au dernier moment, les équipes de banquiers qui, face à l’Armageddon financier font des tournois de casse-brique sur leur Blackberry et des concours d'imitations de Paulson et Geitner, on a du mal à comprendre dans quel monde ces gens vivent.
- Le côté parfaitement impitoyable de ces personnes, jusqu'à les rendre inhumains.
- Le côté totalement illusoire et virtuel de cette économie "casino" qui pourtant est capable de part son fonctionnement, de mettre à genoux l'économie réelle mondiale.
J'émettrai un petit bémol sur quelques scènes (discussions entre un personnage et sa femme quand il va se coucher, paroles ou pensées très violentes et qui n'auraient jamais été racontées à un journaliste) qui apportent certes un peu de cinéma et de drame dans le récit mais qui sont peu compatibles avec le travail journalistique précis du reste du livre. Bref, on est plus dans l'extrapolation ou la rumeur, ce que je trouve moins intéressant.
Le livre n'est pas non plus objectif, il prend le parti de raconter l'histoire de manière orientée, pas mal à charge contre Dick Fuld, il diminue un peu le rôle de Bart McDade, etc. Ce n'est pas une bonne ou une mauvaise chose, il suffit de le savoir et de prendre un peu de recul sur certaines scènes.

Un mot sur l'édition grand format de chez Penguin qui est correcte, plus de 600 pages en corps assez faible, avec au milieu du bouquin un cahier de 16 pages papier glacé avec des photos des principaux intervenants, ce qui est appréciable.

Le livre est en anglais, je ne crois pas qu'il y ait une version française, il faut cependant un niveau correct et ne pas avoir peur du jargon financier et des acronymes.