Voyez cet homme. De tout évidence, l'ambition et l'arrogance rendent son sang bouillonnant. Cette effervescence brûlante le fait marcher droit, le menton haut, le regard sombre dominé par un front altier semé de cheveux noirs.

Il a le verbe haut, les poumons gonflés : il vous emmerde, parce qu'il est milliardaire, qu'il s'appelle Dick Fuld et qu'il fut président directeur général de la banque d'affaires Lehman Brothers...

Ah la crise financière de 2008 ! L'envol de la grande illusion de la fortune pour ceux qui croyaient avoir un toit sagement posé sur leur tête rêveuse d'oncle Sam.

Quand la marée baisse, dit un dicton boursier, on voit ceux qui se baignent sans maillot.

Et voilà Dick Fuld et tous ses compères qui croyaient qu'ils n'étaient pas à poil parce qu'ils avaient trouvé la formule magique : regrouper des centaines d'emprunts immobiliers dans un produit financier unique afin, pensaient-ils, de supprimer le risque. La banque ne conservait plus les contrats de crédit dans ses livres, mais les revendait à des banquiers d'affaires qui les regroupaient dans un produit financier qui était ensuite revendu aux spéculateurs : c'est une chaîne, très lucrative.

De là un appel d'air redoutable, il fallait toujours plus de contrats de crédit immobilier pour alimenter le monstre spéculatif : c'est ainsi qu'au sommet de la bulle immobilière, des prédateurs vendaient des maisons de plusieurs millions de dollars à des femmes de ménage ou à des immigrés latinos ne parlant même pas anglais ; et ces nouveaux crédits allaient nourrir la chaîne, engraisser le monstre...

Toutefois l'effondrement des illusions de fortune des banquiers de 2008 a-t-elle

causé leur perte ?

Pensez-vous ! Avec les planches du Radeau de la Méduse éparpillées dans la baie de de New York et à Francfort sur le Maine, les financiers se sont construits de nouveaux yoats et de nouveaux penthouses sur la Vème avenue.

Ce livre, outre la parfaite caractérisation technique des évènements, vous raconte une histoire d'hommes, de ceux qui, au sommet de tours de verre, prétendent «faire le travail de Dieu».

Parce qu'au fond, dans le capitalisme financier, il suffit d'y croire pour ne pas s'y perdre.

On ne croit plus en Dieu, on déboulonne sainte Jeanne d'Arc, mais on croit en Christine Lagarde.

Tintin-Habile
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le 26 oct. 2023

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