Les sédiments du passé
Comment dit-on pavé en italien ? Tous, sauf moi, signé Francesca Melandri, en est un et c'est peu dire que sa richesse a même du mal à ne pas déborder de ses 560 pages. La romancière a d'abord été...
le 12 juil. 2019
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Comment dit-on pavé en italien ? Tous, sauf moi, signé Francesca Melandri, en est un et c'est peu dire que sa richesse a même du mal à ne pas déborder de ses 560 pages. La romancière a d'abord été scénariste et cela se sent dans la construction presque labyrinthique et le style souvent visuel de son dernier livre, à ce jour son plus ambitieux. Deux époques dominent dans l'ouvrage : celle de l'Ethiopie en tant que colonie italienne, de 1936 à 1941 (5 ans et pas un jour de plus, comme le rappellent à plusieurs reprises les protagonistes du roman) et l'autre contemporaine (entre 2010 et 2012). Deux périodes qui se répondent et s'interpellent sous la plume de Francesca Melandri, de Mussolini à Berlusconi, de l'occupation d'une partie de la corne de l'Afrique à la migration vers l'Italie d'habitants de ces mêmes territoires. Le passé fasciste et raciste d'un pays et un présent où ces "valeurs" persistent d'une autre manière, moins voyante et libérée mais peut-être bien plus pernicieuse. Dense, au point parfois de frôler la surcharge narrative, le roman se fait parfois document historique, de façon très détaillée, et ne laisse aucun de ses multiples personnages dans l'ombre, quitte à sortir un temps de la route des intrigues principales, aux péripéties déjà copieuses, pour emprunter des sentiers parallèles. A condition d'être vigilant et concentré, le lecteur ne se perd pourtant pas dans les différentes couches temporelles qui finissent par évoquer quasi un siècle d'histoire italienne (la seconde guerre mondiale n'en est pas absente). Francesca Melandri s'insinue dans la vie intime et parfois publique de ses personnages avec une maîtrise exceptionnelle et une écriture élaborée mais jamais précieuse, se gardant bien de manichéisme tout en exposant des faits et des mentalités qui ne souffrent d'aucune contestation. Tous, sauf moi est un livre-fleuve qui charrie toutes sortes d'alluvions qui ont sédimenté l'Italie d'aujourd'hui. Et, au-delà, toute l'histoire de l'Europe depuis un siècle. Le plus fascinant est la manière dont l'autrice réussit à intégrer ces éléments dans une matière romanesque captivante qui ne laisse aucun répit.
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Créée
le 12 juil. 2019
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le 12 juil. 2019
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