J'ai découvert Lydie Salvaire avec son Goncourt "Pas pleurer", un petit bijou d'humour et de subtilité littéraire, un chef d'oeuvre somme toute. Ici, c'est plus déroutant, même si le style de l'auteure reste présent et toujours aussi bien enlevé, en même temps que souvent drôlatique.
Pour l'histoire par contre, j'ai trouvé ça un peu moins réussi. Il s'agit donc d'un homme qui part faire se retirer dans un village de Provence. Atteint d'un cancer, il cherche un temps de désert pour se ressourcer. Mais les villageois ne comprennent pas son mutisme, ses journées enfermé à ne rien faire. S'ensuit alors un déchaînement surréaliste mais néanmoins crescendo de suspicion, de haine puis carrément de traque. Le pauvre prof de français subit une véritable chasse à l'homme et on suit ces épisodes avec consternement, révolte et néanmoins sans surprise, tant ce genre d'évènements nous paraît si banal, si habituel dans l'histoire humaine.
La guerre des classes est donc contée alternativement vu par le prof de français, lettré et poétique puis vu par la bande de brutes épaisses du bar du village dont la vulgarité n'a d'égale que la bêtise et la méchanceté. L'alternance permanente entre les deux n'est pas toujours du meilleur effet et la stupidité caricaturale des villageois est parfois pesante.
Mais au final encore une fois, le style est bien présent et plus d'une fois on se surprend à fermer le livre pour méditer sur ces pistes de réflexion sur la nature humaine que nous propose l'écrivaine de talent.