Raymond Domenech fut quasiment l’homme le plus détesté de France - du moins par la France du football - pendant son mandat de sélectionneur. Il aurait pu en être autrement si dès 2006 - 2 ans après sa prise de fonction - il était parvenu à offrir une 2ème étoile aux Bleus et ainsi faire taire ses détracteurs. Mais la suite du parcours fut très laborieuse avec une piteuse prestation à l’euro 2008 et l’apogée fut atteinte lors du mondial 2010 avec l’affaire Anelka et le traumatisme de Knysna (sans compter que la qualification à ce même mondial avait été entachée par la main de Thierry Henry). C’est dire si les explications de Raymond Domenech étaient attendues. Comment l’être humain - derrière le costume de sélectionneur peu enclin à jouer le jeu des médias - a t-il vécu tous ces moments ?
Domenech commence son récit par le drame de Knysna lors du mondial 2010 et son fameux épisode du bus. C’est plutôt bien vu de démarrer le livre par ce fait marquant de son mandat de sélectionneur qui symbolise l’apogée de son fiasco. Il raconte minutieusement le déroulé de cette journée et on se retrouve dans la tête d’un homme qui a parfaitement compris l’ampleur du drame qui s’annonce mais qui ne parvient pas à redresser la situation et qui au contraire va commettre plusieurs erreurs grossières qui scelleront son sort.
L’histoire avait pourtant si bien commencé lorsque par un heureux hasard, en 2004, Raymond Domenech apprend qu’il est nommé sélectionneur de l’équipe de France le jour de la naissance de sa fille Victoire. Des portes du paradis aux portes de l’enfer 6 ans plus tard, Fortuna est parfois cruelle.
A la lecture de ce témoignage, on sent un homme qui malgré son amour sincère pour le football n’était vraiment pas fait pour être sélectionneur de l’équipe de France, incapable dès le début de son mandat de supporter les journalistes et de faire le jeu des médias. C’est vraiment le sentiment qui m’a dominé tout au long de cet ouvrage, Domenech semble atteint d’un syndrome de persécution comme si les journalistes et les médias avaient traqué ses moindres faits et gestes lorsqu’il était en fonction. Pourtant comme il le dit lui-même, la France n’est pas un pays de football et la pression exercée ici est bien moindre que celle exercée dans des pays comme l’Italie, l’Argentine ou le Brésil.
Pour autant le personnage devient presque attachant au fil des pages tant il semble dépassé par les évènements malgré sa volonté farouche de protéger les joueurs en permanence et de s’afficher comme un roc au milieu de la tempête. A sa décharge, il faut convenir qu’il n’aura pas été aidé ni par la Fédération Française de Football qui s’est révélée tout aussi incompétente que lui ni par des joueurs à l’égo surdimensionné (Anelka, Ribéry, Benzema, Nasri,...). Un témoignage intéressant sur un homme pris dans la spirale des évènements et incapable d’en sortir (à plusieurs occasions Domenech fait part de ses hésitations quant à une éventuelle démission mais il n’en fera rien).
La critique sur Le café sport