Romain Puértolas s’est fait connaître dans la sphère littéraire en 2014, avec son roman L‘extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, roman que je n’ai personnellement pas lu. Il revient en 2017 avec son quatrième roman, Tout un été sans Facebook. Je dois avouer que je serais passée à côté de ce livre sans l’intervention de Cedrik Armen dans une de ses vidéos Youtube, où il a réussi avec brio à me donner envie de me lancer dans ce roman déjanté qui se prête bien à l’ambiance estivale. Et ce n’était pas gagné d’avance puisque d’ordinaire, je ne lis pas de roman humoristique. Je suis extrêmement surprise puisque j’ai littéralement dévoré et adoré suivre cette enquêtrice hors du commun. Je tire donc mon chapeau à l’auteur.
Agatha Cripsies, en référence à Agatha Christie, est un peu la Whoopi Goldberg du crime. Elle est drôle, décalée, déjantée, pétillante, hors norme de part ses mensurations -des seins et des fesses énormes- et sa façon d’enquêter. Elle aime manger, surtout tout ce qui est gras et sucré notamment les donuts qu’elle emporte systématiquement avec elle. Elle est puissante, n’a pas sa langue dans sa poche. Qu’est ce que ça fait du bien de voir une héroïne pas comme les autres! Mais par dessus tout elle adore la littérature, c’est pourquoi elle monte son propre club de littérature au sein du commissariat. Et elle se sert de cette culture littéraire pour résoudre ses enquêtes.
Sur fond d’enquêtes criminelles, ce roman est une ode à la littérature. J’ai été charmée par le nombre de références littéraires et d’anecdotes qui s’y trouvent. On y parle d‘Autant en emporte le vent, du Mystère de la chambre jaune, du Crime de l’Orient Express, de Pour qui sonne le glas, Guerre et Paix, Anna Karénine, Ulysse de Joyce etc… On y apprend des faits sur la vie de certains écrivains, leur manière d’écrire. Bref, pour tous les lecteurs amoureux de la littérature ce roman vont comblera et vous sentirez un lien de complicité se créer avec l’auteur. Tout ceci m’a fait sourire et m’a permis de m’immerger encore plus dans ce petit village. Il y a aussi de nombreuses réflexions sur la littérature en elle même: sur le concept de sous littérature, d’évasion au travers d’elle, des préjugés littéraires. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à lire dans ce roman léger (qui n’en est pas un au final, on en revient aux préjugés…) ce genre de propos personnels et sérieux de l’auteur. Pour la maîtrise des classiques de la littérature, je dis un grand oui à ce roman.
Venons en à l’enquête policière qui est tout de même la base de l’intrigue. C’est un polar classique, où on sent l’influence d’Agatha Christie. Toutefois ne vous attendez pas à des meurtres sanglants et glauques. On reste dans le soft et tout cela amené d’une manière très humoristique. Par contre, l’auteur m’a eu! Jamais je n’ai soupçonné le meurtrier. En passant, mais ça vous ne comprendrez pas sans avoir lu le roman, je suis de ces lectrices qui aiment aller jeter un coup d’œil régulièrement à la dernière page d’un roman avant de le commencer, pour voir si tout va bien… Je n’ai fait que sourire en lisant les dernières lignes; l’auteur est un grand farceur!!
Bien loin d’être un roman aussi léger qu’il n’y parait, l‘auteur aborde aussi de nombreux thèmes de société tels que le racisme, la place de la femme dans la société, la transsexualité, la violence, la mort. L’auteur se lance également dans une critique acerbe des réseaux sociaux, ces réseaux qui peuvent être bénéfiques mais aussi polluer la vie et devenir dangereux.
Si vous n’avez pas encore mis dans votre sac de voyage Tout un été sans Facebook, je vous ordonne de l’y glisser immédiatement! Ce roman vous fera sourire, rire, fera remuer vos petites méninges, vous fera réviser vos classiques et sûrement prendre quelques kilos, mais on s’en fout, c’est tellement bon les donuts! Romain Puértolas nous propose un cocktail détonant que je vous recommande fortement de siroter durant l’été. Une très belle découverte!