Trois Oboles pour Charon réinterprète le mythe de Sisyphe en présentant son labeur sans fin comme une métaphore à sa punition réelle : vivre et revivre encore et toujours, parfois pour quelques secondes seulement, traverser l'histoire de l'humanité, mais toujours dans l'enfer de la guerre, toujours dans la lutte. Car pour avoir voulu tromper la mort, Sisyphe est condamné à ne connaitre la vie que lorsque l'Homme est plus vivant que jamais : face à la mort, dans le conflit.
Le récit nous fait suivre Sisyphe, abandonné par les dieux à sa punition, prendre lentement conscience du sens de sa punition, avec comme seuls repère l'instinct du guerrier dans un monde qu'il comprend de moins en moins et sa relation, entre haine et nécessité, avec Charon, le passeur des morts.
L'enfer dans lequel il est plongé est celui de la récurrence, lui l'éternel étranger incapable de voir que sa rébellion face aux dieux a entraîné bien plus que son âme dans sa punition.
La force du roman tiens non seulement dans l'écriture très vivante de son auteur, et la force de ses descriptions mais surtout dans son nihilisme assumé, jusque dans la conclusion du roman. Une conclusion cruelle et somme toute inévitable.