J’ai eu vent de l’existence de ce livre en lisant Philip Roth, qui était ami avec Appelfeld. Je ne me souviens plus de ce qu’il écrivait à propos de Tsili, mais il faut croire que ça m’a intrigué.
Néanmoins, je suis convaincu que j’aurais dû découvrir Appelfeld avec un autre opus, car Tsili est un court roman, si court, si dépouillé, si minimaliste, qu’il n’a pas su me prendre aux tripes.
Tsili est une enfant juive, simple d’esprit, qui se cache des nazis pendant la guerre, en Europe centrale, faisant ainsi écho à l’expérience personnelle de l’auteur qui s’est lui-même caché, il me semble, dans les forêts ukrainiennes durant son enfance pour se soustraire aux envahisseurs. Tsili est abandonnée par sa famille, survit seule ou dans des gîtes douteux, rencontre des évadés, tombe enceinte, s’exile, etc. mais tout se déroule tellement vite à l’aide d’une narration sobre et rachitique, qu’on peine à y trouver de l’intérêt. Pourtant ce livre m’a rappelé le très bon Michael K, sa vie, son temps de Coetzee, avec cet être innocent et naïf pris dans le tourment incompréhensible de la guerre qui le désoriente totalement. Sauf que, dans le roman d’Appelfeld, le style même s’en tient strictement aux faits, et hélas, de mon point de vue, ne sublime en rien l’histoire. On passe rapidement à autre chose, non sans culpabilité face à l'incipit qui sonne désormais étrangement :
Peut-être ne faut-il pas raconter la vie de Tsili Kraus, dont le destin fut cruel et sans éclat. Il est douteux que nous aurions su en retracer l'histoire si elle n'avait été réelle. Mais c'est arrivé, on ne peut cacher ces faits.