Après Un océan de pavots et Un fleuve de fumée, Un déluge de feu clôt la trilogie de l'Ibis d'Amitav Ghosh, avant et pendant la première guerre de l'opium en Chine, autour de 1840. Pour les lecteurs des deux premiers volets de cette fresque historique, ainsi que pour les admirateurs du talent de romancier de l'écrivain indien depuis Les feux du Bengale, ce nouveau récit d'aventures sera sans nul doute, une fois encore, du nanan. L'érudition de l'auteur est immense, elle pourrait d'ailleurs être un frein pour goûter aux multiples intrigues mais intelligemment sertie dans leurs progressions, elle ne donne que plus d'épice à ce qui est raconté par ailleurs. Au passage, on y apprend, en détail, comment la Chine céda Hong Kong à l'Empire britannique. D'action et d'aventures, le livre n'en manque guère mais Ghosh met avant tout l'accent sur le destin de plusieurs personnages, y révélant leurs secrets (contés pour la plupart dans le premier tome de la saga), leurs contradictions, leurs fautes et leurs amours. Dans un premier temps, le romancier tisse trois histoires parallèles avant que ses héros se retrouvent tous près de Canton, à l'orée de la guerre. Il y a une multitude de ramifications entre les personnages qui, en d'autres mains que celles de Ghosh, auraient pu perdre le lecteur, d'autant que volontairement le livre ne comporte aucune note y compris pour expliciter certains termes indiens, ce qui ne gêne en aucun cas la lecture. Visiblement, l'auteur, mais ce n'est pas une surprise quand on le fréquente depuis longtemps, aime ses protagonistes même si ceux-ci ne sont pas exempts de défauts, loin de là. Chronique d'une époque, rendue avec un souci constant de réalisme, ironique voire sarcastique à l'occasion, Un déluge de feu s'impose comme une symphonie littéraire passionnante qui ne laisse d'autre choix que de dévorer avec gloutonnerie ses 740 pages. Avec, d'ores et déjà, la certitude que le romancier n'en a pas encore fini avec cette période clé de l'histoire du monde.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes Livres de 2017

Créée

le 28 mai 2017

Critique lue 490 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 490 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13