Méchamment drôle

Ce livre relate un effet papillon dont les ailes sont de grandes pales en matériaux à la composition légère et solide transformant le vent soufflant sur la petite bourgade de Windhoek ("le coin du vent" en néerlandais) en énergie éolienne.

Dès que cette structure métallique apparaît dans la vie tranquille d'un village belge aux petites histoires de voisinage, elle fait tourner le sens du vent des ragots qui alimentent les jalousies et justifient les routines, comme celles de s'approvisionner en fameux pâté Bracke, cette spécialité locale qui a forgé la réputation du boucher éponyme. Ce dernier est la première victime de ces pâles qui ne s'arrêtent jamais de tourner, dont le bruit continuel l'empêche de dormir et de faire tourner sa boutique comme sa femme l'entend, et dont l'ombre discontinue s'abat sur la netteté de la pelouse fraîchement tondue du vétérinaire. Les pâles ont une révolution courte, comme le temps qu'il aura fallu à un village pour craquer de faiblesse en une semaine, et transformer les petites histoires de chacun en des dénouements toujours plus grave.

Il ressort du récit un succès de l'auteur de nous emmener tranquillement dans un chaos surréaliste, nourrit par chaque petite intervention, chaque petite parole des personnages, dans lesquels nous reconnaîtront un petit quelque chose en nous, en notre voisin, en notre oncle ou tante, tant les sentiments exprimés sont humains. Les actes le sont moins mais nous assistons en tant que lecteur au déroulement d'une histoire méchamment drôle, aidée par son surréalisme acide et la légèreté du style.

C'est en somme un bon divertissement qui alimentera qui veut bien être espiègle à rire d'un chaos formidable et se changer les idées avec la fraîcheur de ce vent belge.