Commençons par les points positifs. L'écriture, bien que simple, est plutôt agréable. L'alternance entre les époques, les personnages et les narrations (classique ou épistolaire) est très bien réalisée. Tout cela donne un bel ensemble assez prenant.


Malheureusement, cela est gâté par une incroyable collection de clichés et par un manichéisme permanent. Nous avons droit à tous les poncifs de la seconde guerre mondiale : les SS sont soit des pervers avides de pouvoir et de viols (pour les officiers), soit de jeunes écervelés ayant subi un lavage de cerveaux (pour les simples soldats). Parmi eux, un héros au coeur noble subit de terribles cas de conscience mais, bon, il est allemand quand même alors il continue de trouver ça normal qu'on envoie de mignons enfants juifs à la voix d'ange dans les camps.


Quant aux allemands de base, ils terminent évidemment chacune de leurs lettres personnelles par "Heil Hitler", pensent que les juifs l'ont bien mérité, que leur gouvernement leur dit toujours la vérité et que la Gestapo c'est quand même une bande de chics types. Ils ont bien vaguement entendu parler des camps de la mort mais, bon, ils n'y croient pas vraiment.


Morceau choisi, une mère à sa fille qui part à sa première vrai soirée : "Essaye d'être posée. Le Führer apprécie cette qualité chez une femme. Ne fais pas comme ces tziganes ou ces juives imprévisibles". Comme si une mère pensait à son chef d'état ou aux tziganes dans ce genre de moment !


Parmi les clichés restant on a droit au petit enfant juif caché pendant des mois dans un mur, à la vieille dame acariâtre mais qui se révèle en fait avoir un grand coeur à la fin du livre ou bien à la bague de fiançailles offerte par un officier SS à sa promise avec une gravure en hébreux à l'intérieur (volée à des juifs, évidemment)...


L'objectif de l'auteur semble être de nous montrer que de l'espoir peut surgir des pires situations. Elle n'était pas obligée pour cela de créer un monde rempli de monstres ! Malgré les horreurs commises pendant cette période, je ne peux pas croire qu'un peuple soit devenu en l'espace de quelques années intégralement aveugle, obtus, cynique et inhumain. La vérité est forcément beaucoup plus complexe.


Enfin, quelques vérifications semblent montrer que la description des Lebensborn (sortes de temples de l'eugénisme aryen) faite par l'auteur est exagérément sordide. Attention à ne pas passer du roman historique à la littérature de l'imaginaire...

alex-butynski
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le 7 nov. 2016

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