Au commencement, j'ai cru m'ennuyer dans ce récit où le narrateur, fraîchement bachelier, s'installe en cité U pour "faire son hypokhâgne" à Paris. Ceci afin de s'offrir un avenir et de s'élever au-dessus de la condition de ses parents, gens modestes et peu ambitieux qu'il considère comme un peu ignorants tout en évitant de les regarder de haut.
Il rame, en bave, se trouve mêlé à de jeunes étudiants qui le méprisent en tant que provincial, et puis finit par entrevoir l'idée d'une amitié. Une seule, celle qui va le faire sortir de l'isolement total dans lequel il est plongé.
Ce projet se voit contrarié par un coup de théâtre irréversible et, à partir de là, le roman devient beau, touchant.
Le narrateur - qu'on soupçonne d'être aussi l'auteur - se remet en question, devient populaire et par la même occasion, celui qui à son tour a le pouvoir de mépriser.
Pourtant ne sachant comment faire et ne le souhaitant pas il se contente, avec une modestie qui révèle sa nature profonde de jeune homme débonnaire et délicat, de prendre ce qu'on lui offre et d'ouvrir son cœur à un être qui par dessus tout autre chose a besoin de lui.
D'un drame nait la générosité, et le rapport humain improbable qui découle de tout cela fait basculer - plus ou moins - la destinée du narrateur, celle qu'il s'était imposée.
La richesse des rapports entre des êtres à fleur de peau, blessés, révoltés ou résignés, fait aussi la richesse de cet Hiver à Paris. Richesse aussi de l'analyse de ce tout jeune homme sur la vie, la mort, l'amour, et puis ce questionnement sans réponse possible : pourquoi ?