L'auteure nous raconte l’histoire vécue par Antoine, jeune de 23 ans qui est appelé en Algérie comme beaucoup d’autres avec l’objectif de “maintenir l’ordre”. Ce n’est pas une vraie guerre leur a-t-on dit. Lui ne veut pas tenir une arme, il se retrouve donc comme infirmier à l’hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès.
Avec des phrases courtes, descriptives, nous sommes embarqués avec ce jeune dans le fond de cale d’un bateau qui part de Marseille. Lila sa femme qui est enceinte est restée en France.
Le rythme et la précision de l’écriture vont nous projeter clairement des images et nous faire vivre l’histoire. Des phrases courtes bien scandées quand l’action s’accélère d’un coup font que notre cœur palpite dans les situations de danger et d’horreur. On découvre au fur et à mesure, à travers les yeux d’Antoine, l’absurdité de cette cause dans laquelle il est embarqué malgré lui. Au début il essaye par tous les moyens de trouver un sens à sa présence là-bas. Il fait de son mieux pour être particulièrement attentionné lors des soins qu’il prodigue aux blessés. Sa rencontre avec Oscar, l’amputé, va lui donner le sens qu’il cherchait, il veut lui redonner de l’espoir. Il s’investit pleinement et s’attache à lui.
Lila le rejoint, ce qui lui permet d’avoir une vie de famille. Un contraste voulu qui exprime l’espoir de la vie qu’elle donne et la mort qui guette les patients qu’il soigne.
Antoine muri tout au long de l’histoire non seulement parce qu’il devient père mais aussi parce qu’il comprend finalement la situation de l’armée française en Algérie. Il se rend compte qu’ils ont été manipulés, dupés. Vient alors la frustration, jusqu’à ce que tout chavire. Situations glauques, grotesques, absurdes qui mènent à la folie dans certains cas.
Et lorsqu’un loup protège avec sa chaleur le corps d’Oscar, en lui sauvant la vie, on est arrivés au moment clé qui révèle le titre du roman et démontre l’absurdité des actions humaines.
Une histoire qui touche bien des sujets profonds qui sont la conséquence de la guerre : l’éloignement familial, du pays, condition de vie des soldats, la manipulation des armées, l’occupation, la justice, la frustration, la folie et bien d’autres encore.
Un roman bien construit dont le rythme va en croissant et nous happe jusqu’à la fin.