La Galice jusqu'à l'hallali
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Le dernier roman de Liu Zhenyun, Un parfum de corruption, au demeurant délectable, rappelle beaucoup ceux de deux auteurs de la même génération, et bien connus en France : Yu Hua et Mo Yan. Outre que leurs livres dépeignent avec un sens du picaresque achevé et un humour très grinçant les dysfonctionnements du pays, ils ont souvent un commun des "héros" victimes du sort mais loin d'être innocentsn par ailleurs. Un parfum de corruption, un titre qui représente un joli euphémisme, nous fait découvrir successivement plusieurs personnages, d'une honnêteté relative, qui vont découvrir à leurs dépens qu'il y a toujours un prix à payer quand on se laisse aller à la cupidité et que des vices découlent fatalement des vicissitudes. La première protagoniste, Niu Xiaoli, dont les aventures couvrent un tiers du livre (en deux chapitres non consécutifs) est de loin la plus attachante, elle dont la candeur initiale sera corrompue par les malversations et autres coups fourrés des tristes sires (à une exception près, mais pas la moindre, ce sont des hommes) qu'elle sera amenée à rencontrer. Les différentes histoires que raconte Liu, impliquant notamment des fonctionnaires peu scrupuleux (encore un euphémisme) sont d'une façon ou d'une autre connectées à Niu Xiaoli, pour notre plus grand plaisir pervers ! Le rythme d'Un parfum de corruption est soutenu, les dialogues enlevés et le style parfois trivial joue à fond la carte du "nouveau réalisme". Que la société chinoise soit, comme beaucoup d'autres, obsédée par le profit n'est pas en soi une révélation mais l'auteur a l'art et la manière d'en tirer une substance romanesque qui frise la jubilation pour le lecteur. Le roman aurait été presque parfait s'il n'y avait tout de même, de temps à autre, des répétitions inutiles des événements précédents, comme si Liu avait besoin lui-même de faire le point à intervalles réguliers pour ne pas se perdre dans son intrigue. Un défaut mineur qui ne gâche pas vraiment le plaisir de la lecture.
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Créée
le 15 mars 2020
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