Sans doute parce qu'il est lui-même né d'une mère allemande et d'un père kurde irakien, Sherko Fatah aime dans ses romans faire voyager ses personnages, tant physiquement que psychologiquement, en les confrontant à des situations dangereuses (doux euphémisme). Avec, pour toile de fond, le terrorisme dans Le navire obscur et le nazisme dans Un voleur de Bagdad. Ce dernier livre est encore plus riche que le précédent de par sa trame historique très dense et captivante. On y découvre d'abord la capitale irakienne dans les années 30 à travers le destin d'un gamins des rues lequel, en fréquentant des milieux interlopes, se trouve mêlé aussi bien à la contestation communiste qu'à l'agitation des chemises noires, groupe proche des nazis, alors même que l'Irak reste encore sous la domination britannique. Pour faire bonne mesure, ce petit voleur de Bagdad fréquente aussi la communauté juive de la ville, encore puissante, et notamment une jeune femme, l'élue de son coeur. Les circonstances vont l'amener à partir pour Berlin avant de combattre dans les rangs de la légion musulmane de la Waffen SS, en Pologne et en Biélorussie. Un voleur de Bagdad est un roman d'aventures intelligemment construit mais qui est bien davantage en nous faisant découvrir notamment le Proche-Orient de ces années là, carrefour d'influences et en ébullition constante. Les romans de Sherko Fatah sont décidément passionnants avec une écriture à la fois vive et minutieuse qui prend le temps de l'analyse et ne confond jamais vitesse et précipitation.

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le 16 janv. 2017

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