Je ne m’attendais pas à être happée à ce point par le témoignage d’une jeune américaine agent de la CIA. J’ai sélectionné cet ouvrage lors d’une opération Masse Critique Babelio, en me disant oui, bof, peut-être que ça pourrait m’intéresser: le sujet me semblait opaque, toutefois la mention « récit haletant » et le paradoxe entre la photographie de cette jolie jeune fille de vingt ans et la CIA m’a intriguée… J’ai eu peur de me perdre dans un récit contenant de nombreuses scènes dignes d’un film d’espionnage (que j’évite en général), mais il n’en est rien… Ce témoignage est extrêmement bien écrit, se lit comme un roman, sans temps mort, ni fioriture et m’a véritablement touchée. Je vous explique.
La carrière d’Amaryllis Fox force le respect : elle a suivi des études de théologie et d’aérospatiale, puis des études de droit international, pour terminer par un master conflits et terrorisme à Georgetown… Elle va créer un algorithme permettant de prédire la probabilité qu’une cellule terroriste s’installe en un lieu précis. C’est là qu’elle est remarquée par un officier de la CIA qui lui proposera d’intégrer l’organisation. Elle a vingt-deux ans. Puis envoyée sur le terrain, elle aura pour mission, sous une fausse identité, de négocier par le dialogue avec les terroristes djihadistes.
J’ai eu la réponse à la question que je me posais avant de commencer ma lecture, à savoir pour quelle(s) raison(s), une jeune femme de vingt ans s’engage dans la CIA. Amaryllis Fox a un regard très synthétique sur sa carrière et ses motivations quant à sa lutte contre toute forme de tyrannie. Elle évoque point par point les raisons qui l’ont menée à faire ce choix: une adolescence très au faîte de l’actualité internationale, des drames personnels qui se succèdent et une conscience accrue du monde qui l’entoure. Au cours de ses études, Amaryllis effectue un an de bénévolat dans un camp de réfugiés fuyant l’oppression militaire de Rangoon où elle s’attache à un activiste révolutionnaire et prend part à son combat. De son passage dans les geôles birmanes naîtra pour de bon sa vocation. J’ai été conquise par ce premier thème abordé où l’autrice expose les faits et les réflexions qui l’ont menée à choisir ces études hors-du-commun, puis accepter d’intégrer l’organisation.
L’autrice nous dévoile les aspects du métier d’agent de la CIA : de l’entrainement intensif à la sélection impitoyable, les erreurs qui peuvent être extrêmement lourdes de conséquences, les fausses identités, le mensonge permanent y compris pour les proches, l’intimité inexistante en raison des écoutes constantes en pays étranger… Le parallèle entre sa vie d’agent infiltré et sa vie de femme est poignant : se succèdent des liaisons amoureuses intenses et tumultueuses vouée à échec, comment se réaliser en tant que femme lorsque l’on vit cachée sous une fausse identité, à parcourir le monde, dans l’abnégation la plus totale ? Amaryllis Fox y parvient pourtant, ce sera l’apothéose de ce témoignage.
Ce récit autobiographique passionnant est inédit et démontre la profonde humanité de cette femme, une héroïne à mille lieues des clichés hollywoodiens, risquant sa vie pour défendre la paix. Cette guerrière de l’ombre privilégie le dialogue à la lutte armée, au détriment de sa propre sécurité. Sa force de caractère fait d’elle une femme passionnée, courageuse et engagée. J’ai aimé suivre le récit de sa carrière, je suis très admirative de ses prises de risques, j’ai vibré devant ses doutes et ses convictions, et ses réflexions profondément touchantes sur la paix, l’égalité et le respect.
Un témoignage à découvrir sans hésiter, qui n’est pas sans me rappeler l’excellent thriller d’espionnage « J’irai tuer pour vous » d’Henri Loevenbruck… Je remercie de tout cœur la plateforme Babelio pour la découverte de ce livre.