Il était une fois un homme fatigué de courir tout le temps, fatigué de travailler sans jamais prendre le temps de se poser, de prendre du temps pour lui. Lorsqu’un matin il prend conscience qu’il a tout oublié, jusqu’à son propre nom, il se rend chez le médecin qui lui dit qu’à force de trop courir, il a fini par distancer son âme au point de la perdre. Un seul remède est possible, ralentir et attendre qu’elle lui revienne.


Invitation à ralentir, Une âme égarée dresse le constat de vies humaines passées à courir pour remplir ses journées au point d’oublier de s’arrêter juste un moment pour penser à soi, faire quelque chose pour soi, voir ne rien faire du tout et juste profiter du moment qui s’offre à nous. Et l’objet-livre nous offre d’ailleurs l’opportunité de vivre l’un de ces moments où l’on prend plaisir à se poser avec un beau livre entre les mains.

Si quelqu’un pouvait nous regarder d’en haut, il verrait que le monde est rempli de gens pressés, qui courent dans tous les sens, fatigués, en sueur, mais il verrait aussi leurs âmes égarées, à la traîne…

Raconté à deux voix, ce conte polonais se lit certes par les mots d’Olga Tokazrczuk mais ce sont principalement les illustrations de Joanna Concejo qui lui donnent sa consistance et offrent au lecteur le plaisir contemplatif propre aux livres illustrés. Lorsque l’on se laisse happer par les dessins au crayon, c’est tout un récit qui s’ouvre devant nous. Là où l’auteure nous raconte la douleur de la perte puis la prise de conscience, l’illustratrice nous raconte le temps passé à courir, puis le temps passé à attendre le retour de cette âme égarée qui, une fois de retour, amène la couleur dans les pages en même temps que de la lumière dans la vie de cet homme qu’il faut arrêter de courir après le temps.


Lorsque l’on prend conscience que les illustrations nous racontent littéralement l’histoire de cet homme, il est aisé de comprendre que cet album en fut récompensé en 2018 par la Mention prix Bologna Ragazzi. Des illustrations qui par ailleurs sont très réalistes et prennent des formes divers qui laissent beaucoup de place aux souvenirs et à la végétation. Impression renforcée par l’utilisation d’un papier à petits carreaux, jauni par le temps, qui donne à l’ensemble des airs de cahier ou de journal familial dans lequel on aurait consigné des souvenirs faits de quelques mots, de dessins ou de photographies. C’est tout simplement magnifique !


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le 20 févr. 2023

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