Chef d'oeuvre...
Nous sommes en 1970. Imaginez un petit restau de hot-dogs au bord d'une route de montagne, imaginez qu'y vivent Amanda, une jeune hippie en trance perpétuelle, femme universelle en phase avec la Nature, passionnée de morilles et de papillons, ainsi que son mari, Ziller, un athlète à la Tarzan né au Congo, légende de jazz, peintre recherché, et aventurier. Chez eux squatte ces jours-ci un jeune homme féru de physique quantique et de rationalité, mais à la recherche du "mystère" que ce couple hors-norme semble personnifier en matière de mode de vie, de philosophie, de sagesse nouvelle...


Ah oui, et n'oubliez pas d'y mettre des puces, des serpents, une mouche tsé-tsé, et un babouin à cul rouge , et une palanquée d'agents du FBI en lunettes noires... Vous avez "Another roadside attraction" , un roman fleuve, dont la verve évoque le glissement de terrain, aux personnages improbables et pourtant "larger than life", qui se pose avec quarante ans d'avance toutes les questions qui traversent notre psyché moderne. (Ou bien stagnons-nous depuis quarante ans?)


"La vie c'est le style", nous dit en substance Amanda, la belle et sensuelle héroïne de cet OVNI, dont le motto semble être l'harmonie, le respect de la Nature et du corps et qui possède un don pour les réponses percutantes et profondes. Elle est le pivot autour duquel gravite le questionnement incessant de ce livre, auquel elle répond parfois par de simples aphorismes d'une redoutable efficacité.



“The only authority I respect is the one that causes butterflies to
fly south in fall and north in springtime.”



“As we drive up the river road, there are sixty thousand trees which I see but do not touch. Like me, Amanda is confined in the speeding Jeep, but she touches every tree.”



Tom Robbins semble poser dans ce livre toutes les questions qui taraude encore notre société moderne et il est même diablement en avance, lui qui parle de la super-highway de l'information (en 1970 !) et du remplacement de la religion standard par une idolâtrie de l’électronique (deux ans plus tard, un certain Steve Jobs créait le premier mac dans son garage...). Pollution, corporations, capitalisme et communisme, tyrannie de la technologie sur l'affect humain, on croirait lire une revue de notre début de siècle à nous. Bluffant.



“Our society gives its economy priority over health, love, truth, beauty, sex and salvation; over life itself. Whatsoever is given precedence over life will take precedence over life, and will end in eliminating life. Since economics, at its most abstract level, is the religion of our people, no noneconomic happening, not even one as potentially spectacular as the Second Coming, can radically alter the souls of our people.”



L'intrigue est assez complexe et un peu james-bondesque , avec l'arrivée au zoo du bord de route d'un pote à Ziller, Purcell, qui a infiltré par hasard un couvent où l’église catholique entraîne ses tueurs. Ce même Purcell va un jour se trouver au Vatican et là, grosse surprise...


Plus le livre avance plus la question de la pertinence de la religion (catholique surtout) est posée avec une fraîcheur et une exhaustivité surprenante. Pour contrer la religion, le jeune scientifique prône son rationalisme et attaque l’église de tous les côtés. face à lui, d'autres points de vue, plus spiritualistes, sont articulés de manière lumineuse. Un superbe débat en somme, à l'argumentation impeccable, dont l'Eglise ne sortira pas grandie, il faut bien le dire.



“The fact is, what I hated in the Church was what I hated in society. Namely, authoritarians. Power freaks. Rigid dogmatists. Those greedy, underloved, undersexed twits who want to run everything.



Perso, j'ai trouvé que chaque paragraphe de ce livre contenait une pépite, que ce soit dans l'humour, la sagesse, l'analyse, ou le phrasé tout simplement. Cette histoire loufoque est aussi un beau portrait d'une certaine génération, dont les idéaux fleuris, déjà attaqués à l'époque (on y voit la confrontation avec les white trash locaux...) sont toujours vivants dans les rares courants de pensée aujourd'hui qui se soucient encore du bonheur humain...(Ca parle à mon côté écolo, en tous cas... ) Bouleversant à bien des égards et une révélation, véritablement. In-dis-pen-sable, guys et guysettes!



The further we separate ourselves from the dirt, the further we separate ourselves from ourselves. Alienation is a disease of the unsoiled.”



ps: Euh... je tâcherai de traduire mes citations, j'ai une flemme terrible, là ...

nostromo
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Arrêtez tout et lisez-moi ce truc... :-) et Mes étagères se remplissent , Ikea est content...

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le 29 juil. 2016

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nostromo

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