J'ai été tout d'abord sous le charme de la plume de Gilles Marchand : le premier tiers du livre est riche à la fois niveau stylistique, mais également en réflexions sur la vie, la douleur et la solitude. L'auteur pose ainsi le cadre de son roman, on arrive assez facilement à s'attacher au personnage principal, et à se représenter la jolie et empathique barmaid. Le petit groupe d'amis se retrouvant au bar tous les soirs de semaine permet de donner un rythme au livre, et on a autant hâte que le personnage principal de se retrouver à ce chaleureux rendez-vous convenu.
Cependant l'auteur fait un excès de zèle au milieu du livre, en ayant la prétention d'écrire certains chapitres avec le style d'un roman de fantaisie. Le tunnel de poubelles, qui peut faire sourire au premier abord, finit par excéder le lecteur par la récurrence de ce schéma. On comprend que l'auteur voulait nous faire voir le monde sous un autre jour à travers la vision transmise par le grand-père, mais on frôle la folie et surtout l'ennui. J'ai failli fermer ce livre à ce moment, pour le ranger sagement dans un carton de livres que je n'ai pas aimés.
Heureusement, j'ai été assez curieuse et emportée par le début prometteur du livre pour vouloir poursuivre la lecture jusqu'au bout. La révélation de l'origine de la cicatrice révèle nos propres cicatrices sociétales, elle est décrite de manière touchante et poignante.
Pour conclure, je pense que ce livre aurait gagné à éclipser les parties fantaisistes de description de ces tranchées de poubelles, de la foule délirante écoutant le récit du personnage principal et des déboires de celui-ci à son poste de comptable. C'est un livre en soi chargé d'histoire et de belles réflexions, mais je ne suis pas sûre de recommander sa lecture.