Comment qualifier le dernier recueil de nouvelles de Bernard Quiriny, Une collection très particulière ? Génial ? Absurde ? Absurdement génial ? Débridé, en tous cas, d'une imagination sans limites, en hommage à une discipline majeure : la littérature. Son personnage favori, aussi dandy que bibliomane, Pierre Gould, est notre guide dans cet opus : il est là pour nous présenter sa collection de livres, très particulière, en effet. Il y a les livres oubliés par leurs auteurs au fur et à mesure qu'ils les écrivent, ceux qu'on ne peut déchiffrer qu'en étant habillé de façon impeccable, les bouquins qui ont continué à s'écrire après la disparition de leurs géniteurs. On en passe et des plus cocasses. Faisant preuve d'une (fausse) érudition sans faille, Quiriny nous entraîne dans un délire très sérieux. C'est irrésistible. Outre ces collections, d'autres séries viennent compléter notre lecture. Ainsi, le portrait de dix villes, toutes imaginaires, et dont chacune possède une spécificité étonnante. Enfin, Quiriny se penche sur notre époque, ou plutôt son proche avenir, à travers quelques fables sociales à valeur de satire. Inutile d'en conseiller une plutôt qu'une autre, elles suivent, en une belle unité, une implacable progression à partir d'un point de départ loufoque mais somme toute envisageable, dans un univers légèrement décalé du notre, à peine voilé d'un halo fantastique. Aymé, Borges, Calvino sont quelques uns des maîtres dont s'inspire le nouvelliste belge surdoué (34 ans). Son livre est une friandise qui craque sous la dent, une fantaisie qui fait se tordre de rire et réfléchir, aussi, mais si, mais si. Délectable et surprenant d'invention de bout en bout. Vivement d'autres bonnes nouvelles ...