Dans ce petit village tchétchène enneigé, les disparitions sans retour se multiplient. L'incompréhensible guerre cherche à faire table rase de tout, y compris de l'humanité des sur/vivants. Ce sont ces fragments vitaux d'humanité qui maintiennent en vie les héros de ce livre, quatre constellations : Havaa, une fillette dont le père vient d'être arrêté par les soldats russes, est recueillie par son voisin Akhmed ; tous deux trouvent refuge dans un hôpital où ne reste plus que Sonya, jeune docteur russe obnubilée par le désir de retrouver sa soeur Natacha.
A quoi la guerre réduit les hommes... ceux qui en tirent profit, ceux qui trahissent, ceux qui fuient, ceux qui s'entraident, ceux qui tentent de s'adapter et survivre. La guerre se fait au fil des pages un révélateur d'(in)humanité. Anthony Marra entrelace avec talent autant de destins en apparence non liés qui finiront par s'entrechoquer. Mais à aucun moment il ne nous égare, grâce notamment à cette idée de frise chronologique pour situer ses personnages dans le temps et permettre de mieux comprendre l'histoire de ce pays dévasté, dont les habitants sont perpétuellement en train d'essayer de se reconstruire.
C'est un roman de guerre, éprouvant à lire souvent, comprenant même des passages à la limite du supportable, mais aussi plein d'espoir, cristallisé par une petite fille de 8 ans et une dernière scène d'une tragique beauté qui fait refermer le livre avec des larmes et en font un de ceux qui marquent durablement et profondément.
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