Dans le premier roman de Hisham Matar (Au pays des hommes), auteur libyen de langue anglaise, un enfant voyait son père enlevé par les sbires de Kadhafi. Une situation que l'écrivain a vécu dans la réalité, dans les années 70. La trame du deuxième livre de Matar, Une disparition, s'appuie sur un argument semblable, l'Egypte se substituant à la Libye. Le narrateur est cette fois plus âgé, un adulte qui se remémore ses années d'adolescence au moment où son père est kidnappé et ne réapparaîtra plus. Une disparition n'est cependant pas qu'un roman sur l'absence et un impossible deuil, il est également la description d'un singulier triangle amoureux : le fils, le père et sa deuxième femme, bien plus jeune que ce dernier (sa première épouse est morte dans des circonstances mystérieuses). Comment grandir à l'ombre d'un géniteur dont on ignore s'il est encore vivant ? Comment se forger une identité alors que sa maison est tour à tour à Londres, en Suisse et au Caire ? Le livre pose toutes ses questions dans un style d'une élégance et d'une fluidité rares. La sensibilité pudique de l'écriture de Matar, sans trémolos mélodramatiques, donne tout son cachet à ce très beau roman qui peut aussi se lire comme un thriller psychologique ou un récit d'apprentissage sentimental et sensuel. C'est superbe.

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le 12 janv. 2017

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