Le Man Booker Prize est un prix littéraire anglais qui, contrairement à son homologue français le Goncourt, s'est rarement trompé pour décerner son prix. Ainsi en 2011, nous avons couronné un premier roman indigeste alors que nos voisins grands bretons ont accordé leurs faveurs à "The sense of an ending" de Julian Barnes , qui paraît aujourd'hui en France sous le titre "Une fille, qui danse", et qui est un roman vraiment emballant d'un auteur au sommet de son art.
A priori, si je vous raconte l'intrigue, vous aurez l'impression de vous retrouver dans un de ces romans au charme suranné dont les britanniques ont le secret, souvent écrits par des femmes (Anita Brookner, Barbara Pym, ...), mettant en scène des soixantenaires poussiéreux et ennuyeux, menant une vie sans charme et sans éclat.
Tony, le héros et narrateur de ce roman, est divorcé. Vivant seul, menant une existence tranquille et organisée, il verra sa quiétude bousculée par l'arrivée d'une lettre de notaire. La mère de sa première petite amie lui lègue une petite somme d'argent mais surtout le journal intime d'un de ses amis suicidé à 22 ans. Ce legs mystérieux va amener Tony à questionner le passé et revoir sérieusement l'histoire de sa vie, façonnée par une mémoire trop gentiment sélective.
Construit comme un polar ( pas noir, mais à l'anglaise évidemment), Julian Barnes attrape le lecteur par la main pour ne plus le lâcher. En grand romancier, il déroule son histoire, doucement et surement, nous conduisant de petits rebondissements en petites révélations vers un dénouement bouleversant lorsque la vérité finira par éclater. Nous entrons dans l'intimité de Tony qui se révélera moins attendu que prévu et surtout le vecteur d'une réflexion passionnante et stimulante sur la mémoire, la fabrication de l'Histoire (même sans h majuscule).
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le 18 févr. 2013

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