Un hippopotame égaré, des quartiers blancs hyper-sécurisés, des disputes immobilières, des politiciens corrompus, des tensions raciales et sociales ..., oui, nous sommes bien en Afrique du Sud, terre de Michéle Rowe, laquelle, après Les enfants du Cap, confirme qu'elle est bien l'égale de Deon Meyer en matière de polar, au pays de Nelson Mandela. Une heure de ténèbres déroule une intrigue complexe -au départ un double kidnapping- aux personnages multiples, la romancière accompagnant chacun un bout de chemin, qu'il soit victime, bourreau, témoin ou enquêteur. Leurs chemins s'entrecroisent et il s'en faut de peu pour que l'on soit déboussolé. Mais non, l'un des grands talents de Michéle Rowe est nous donner à temps les quelques éléments qui nous permettent de suivre le fil, en déroulant peu à peu sa pelote narrative. Elle orchestre parfaitement le chaos sud-africain qui a succédé à la fin de l'Apartheid, au racisme s'ajoutant désormais des disparités économiques de plus en plus insupportables. Sa policière, Persy Jonas, avec ses failles et son passé douloureux, n'a rien à envier, en termes de profondeur psychologique, avec les célèbres Erlandur Sveinsson et Kurt Wallander, pour ne citer qu'eux. Cette deuxième aventure, qui en annonce déjà une troisième, prend son temps pour se dévoiler. Elle a tous les attributs du polar social, témoin d'une société qui n'arrive pas à se sortir d'un cycle de violences ininterrompues et d'inégalités criantes.