Ce livre fait partie de ceux que je n'avais pas vraiment prévu de lire un jour. Offert par un oncle (toujours le même), je ne voulais pas me voir servir un historique des religions au Tibet. Je ne voulais pas asister à une leçon d'Histoire.
Mais c'est à une leçon d'histoires que j'ai assisté.
Le livre, assez épais (942 pages exactement), se déroule au rythme de la vie coupée du reste du monde que mènent les habitants, plusieures générations, de ce flanc du Kawa Kharpo. Les suivre, c'est s'enfoncer avec eux dans les nuages qui les entourent. On ne comprend d'abord pas les liens qui tous les unissent. Il faut accepter de ne pas comprendre, continuer de dérouler le fil.
Suivre les Naxi, les Khampas, les missionnaires français et leurs ouailles, les moines bouddhistes guidés par le Ranjung Rinpoché et ses diverses réincarnations. Suivre ce qui les réunit, ce qui provoque des conflits, des guerres, des drames. Ce qui est indispensable à leur vie, et si différent de la nôtre. Suivre les amours, les inimitiés, les rancoeurs, les erreurs...
Fan Wen réussit à donner à l'ensemble de son livre, une profondeur, mais une profondère, tellement légère ! Il y parle de religions, de guerre de religions, de philosophie, orientale, occidentale, de politique, de moeurs, et parvient à délivrer tout ça avec le sérieux qu'il y accorde, sans pour autant en faire quelque chose de pédagogique ou de sentencieux. C'est un conte, qu'il écrit. Avec ses fantaisies, ses miracles, ses mirages, sa fantasmagorie. Au travers de l'importance qu'il donne aux croyances qui peuvent paraitre mystiques de ses personnages, il fait tout passer.
Et moi, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas exclamée, au milieu d'un roman et d'une phrase que je trouvais jolie, "mais ce livre est génial!".