Vengeance au palais de jade par Virevolte
Second tome de la trilogie des Enquêtes de Matsuyama Kaze, le rônin y arpentera le Tōkaidō - la grande route reliant Edo (Tokyo) à Kyoto - toujours en quête d'éléments qui lui permettraient de retrouver l'enfant de son ancien chef de clan, vendue lors de sa défaite face à Okubo. Venant en aide à un marchand attaqué par les bandits, il rejoindra le village-étape de Kamakura, où se dénouera le gros de l’intrigue.
Le livre lèvera le voile sur une nouvelle partie du passé du protagoniste, révélant les raisons et motivations de sa promesse (premier tome : La Promesse du Samouraï) comme de son voyage. Si le tome précédent se concentrait sur une présentation des conditions sociales et historiques en vigueur à l'époque, celui-ci ouvre une fenêtre sur le rapport à l'amour, à l'argent et à l'honneur nippon. Hishigawa (le marchand), qui caricature et caractérise cette nouvelle espèce de japonais émergeant du désastre de Sekigahara, verra son point de vue et ses valeurs systématiquement confrontées à celles de Kaze, soit du samouraï tel qu’on le concevait postérieurement au shogunat des Tokugawa.
Comme toujours, la plume de Furutani est un régal de simplicité, à laquelle je trouve une élégance subtile qui cadre bien avec le ton traditionnel de ce Japon féodal qu’il se plaît à illustrer. L’explication sur les mœurs et la vie des gens de l’époque est bien menée (et amenée), avec patience, ajoutant un petit élément folklorique à la fois, jusqu’à dresser un portrait que j’ose croire assez représentatif et complet. La part de surnaturel qu’il instille parfois à son récit n’a pas d’autre objectif que d’émuler les croyances populaires sur les fantômes et la spiritualité.
L’enquête, elle, se veut peut-être moins fouillée que lors du premier tome, dans la mesure où la perspicacité de Kaze a finalement assez peu à voir avec la résolution de l’affaire. Il perd un peu son détachement et se voit davantage intégré à l’histoire et forcé de la subir, à la différence de la première intrigue où il agissait en électron libre. A la lecture, c’est une légère impression de linéarité qui se fait ressentir, sans peser sur le rythme doux et fluide de l’aventure.