Devenir socialiste : le cas Jaurès
On écrit fort vite et l’on parle souvent de la "conversion" de Jean Jaurès au socialisme. Sans doute est-ce pour gagner du temps dans quelques essais ou biographies, préférant se consacrer à l’œuvre intellectuelle et à l’action du grand leader socialiste. C’est une erreur ! Malheureusement, les auteurs qui font cela oublient l’essentiel.
Gilles Candar tente de démontrer qu’il n’y pas conversion au socialisme mais glissement au socialisme. C’est bien l’hagiographie qui, par excès de formalisme, a consacré cette formule. Certes, l’auteur le concède rapidement, l’inflation éditoriale à l’heure du centenaire de sa mort ne fait pas de cet ouvrage une œuvre résolument moderne et novatrice. Elle possède malgré tout une qualité évidente : la démonstration nette que le glissement vers le socialisme de Jean Jaurès est le produit de circonstances, d’une réflexion et de rencontres.
Là encore, Candar montre combien tant d’auteurs ne précisent pas l’élément clé que constitue ce glissement dans la pensée jaurésienne. En effet, Jaurès a toujours perçu la République comme consubstantielle au socialisme, nécessaire et donc indispensable. Pour Jaurès, le socialisme c’est la république intégrale, la république sociale – devrait-on dire socialiste – doit être l’humanité jusqu’au bout.
Éclairante et agréable, cette biographie ou cette étude d’une tranche de vie, extrêmement précise, richement fournie en note en bas de page, incluant une biographie indicative et un lexique des mots clé, mérite pleinement d’être lue.