Un avant-goût de l'effet Venus
Écrit en 1972, cette nouvelle de Robinson se passe dans un avenir proche où la Terre se prépare à son longue agonie par asphyxie.
Les industries lourdes, les chauffages collectifs, et autres activités polluantes ne cessent d'apporter quotidiennement leurs lots de produits suffocants. La voiture à essence est interdite, mesure un brin hypocrite face à l'ampleur des tâches qu'il faudrait accomplir pour rectifier le tir.
Il existe bien un organisme gouvernemental qui tente de contrôler la qualité et de promulguer des décrets et des mesures, "Air Central" mais en pur perte face au lobby des industries. Et puis, à quoi bon lutter contre une tâche plus que sisyphienne ? C'est pourtant dans ce contexte que Jim Morrison, modeste employé Air Central, est mandaté pour enquêter sur un des pires crime de cette époque : l'emploi d'une ces fameuses anciennes voitures à essence.
Noire, cette nouvelle est désespérément noire, comme les expectorations que crache le directeur de Air Central, comme la fumée des cheminée des manufacture, noire comme la suie que l'on devine recouvrir toute la partie basse de la ville. Ce monde n'offre irrémédiablement aucune issu. Et comme pour faire un pied de nez ironique au lecteur, Robinson nous livre comme trame narratif que la traque ridicule d'une voiture polluante Ridicule car on se doute que sa résolution n’amènera aucune solution satisfaisante, aucun happy end.
De plus, le pessimisme de cette histoire me fait douloureusement écho au roman "Le Troupeau aveugle" de Brunner, publié la même année, signe probable d'une préoccupation précoce de l'écologie, au sens moderne du terme, et du devenir de l'humanité, dans le champs de la science-fiction.
Bref, je ne peux que recommander chaudement cette œuvre qui paraît un brin simple de premier abord. La maison d'édition "Le passager clandestin" a une fois de plus fait un bon choix pour sa collection "Dyschroniques"
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