Tu est un autre
Tu t’appelles Sonny. Tu as 16 ans, tu vis en Irlande mais tu rêves d’ailleurs. Parce que c’est de ton âge, bien sûr. Mais aussi parce que ta vie est loin d’être idéale, il faut bien le reconnaître...
le 26 févr. 2020
Vera c'est le genre d'histoire d'amour pour laquelle ch'peux pas être objectif tu sais.
Le genre d'histoire d'amour qui correspond trop à l'image destructrice que je m'en fais, parce que planqué sous ma casquette, faut bien avouer que le romantisme noir pointe souvent sa tronche pour me lécher la partie du cerveau qui génère les émotions.
L'Irlande, enfin Dublin. Autant vous dire que vous allez bouffer de la claque sociale. Vera n'est pas qu'une histoire de cul qui termine mal, c'est aussi l'envie de sortir de sa condition sociale, avant toute différence ethnique ou sexuelle, comme si Dieu-le-père avait décidé de cracher par terre, que dans ce tas de glaires certaines personnes étaient nées là, par hasard, maudits dès la naissance, et dont il est impossible d'aller tracer sa route ailleurs.
Pour moi dans tous les bons romans ou toutes les bonnes nouvelles irlandaises, y'a toujours Brendan Gleeson qui joue un rôle. Et là je trouve que ça colle hyper bien avec le père de Sonny. Et Pete Postlethwaite dans le rôle du boucher, à cause de sa gueule paternaliste aussi dure qu'humaine. Et y'aurait Jessica Chastain parce qu'elle est bankable, mais que j'ai retrouvé quelque chose de Vera en elle. C'était beaucoup plus facile de placer ces tronches là plutôt que de s'identifier, et du coup de pas avoir envie de faire un remake de la fin de Thelma et Louise en refermant le bouquin.
Karl Geary m'a fait penser à la manière qu'à Gus Van Sant de suivre ses personnages, de les toucher du doigt pour les mettre en lumière mais de façon beaucoup moins chiante. Il y a un quelque chose d'Elephant dans la narration, à suivre Sonny, en le tutoyant comme un spectateur collé à son cul, alors qu'au fond on a un peu envie de lui foutre la paix, à cet ado bien sensible qui détonne dans tout ce fourbi irlandais des familles.
Sa rencontre avec Vera va rapidement glisser d'Elephant au film Restless, du même réalisateur (le truc où tu chiales comme une madeleine à la fin, en mille fois mieux que Nos étoiles contraires - que j'ai pas lu mais je m'en fous).
Vera fait figure de diamant brut, écorchée, d'un autre univers, qui débarque dans la vie de Sonny en faisant péter tout sur son passage, avec dommages collatéraux à la clé.
Bien sûr il y a les histoires de cul niaises, celles qui vous donnent envie de sortir de vos sushis pour aller acheter une bonne grosse dose de chamallows roses chimiques. Et puis il y a Vera.
Et moi je trouve que tout ça tu vois, ben c'est du joli joli.
Be kind, rewind, and read it.
Créée
le 1 juin 2020
Critique lue 66 fois
D'autres avis sur Vera
Tu t’appelles Sonny. Tu as 16 ans, tu vis en Irlande mais tu rêves d’ailleurs. Parce que c’est de ton âge, bien sûr. Mais aussi parce que ta vie est loin d’être idéale, il faut bien le reconnaître...
le 26 févr. 2020
Un récit passionnant, troublant, éreintant et révoltant qui ne nous lâche pas jusqu’à la dernière ligne. Voire bien après… Critique complète de VERA sur La Critiquerie
Par
le 11 déc. 2017
Karl Geary est un acteur américain et, depuis la parution de son premier roman, Vera (Montpelier Parade), un auteur irlandais ! C'est indéniable, preuve qu'on ne renie pas ses origines, et dans les...
le 15 sept. 2017
Du même critique
Comme pour chaque essai de Mona Chollet que j'ai pu lire, c'est assez difficile pour moi de donner mon avis sans passer par un vécu perso, d'assimiler chaque phrase, chaque situation en se comparant,...
Par
le 23 sept. 2021
13 j'aime
Comment soigner l’amertume ? C’est curieux comme le sujet d’un essai philosophique peut s’appliquer en temps réel au lecteur sur l’essai en lui-même. J’essaye de clarifier ; compte tenu de...
Par
le 16 janv. 2021
12 j'aime
2
Ce qu'est bien avec Nothomb, c'est quand ses histoires à problèmes de bourges qui s'occupent de bourges et qui se gargarisent de références littéraires de bourges, ça dure pas trois plombes. On...
Par
le 27 juil. 2020
12 j'aime
5