Magdalène, seize ans, vit à Eau-Noire avec sa famille. Avec sa peau sombre et ses cheveux noirs, elle n’a jamais vraiment réussi à s’intégrer dans ce pays où tous sont blancs aux cheveux blonds. Sa différence physique attire les regards et les préjugés. Gouverné par la Main, le pays est soumis à des lois autoritaires et patriarcales qui laissent peu de place aux libertés et aux possibilités de s’élever socialement, encore plus si l’on est une fille/femme. Lorsqu’elle se découvre enceinte, Magda décide de passer les épreuves de la Villa Anima dont la réussite lui permettrait d’accéder à l’interruption de grossesse. Sur place, elle s’aperçoit que les épreuves ne sont peut-être pas aussi inaccessibles qu’on le dit. Alors que les dangers se multiplient, la jeune fille se lance à l’assaut des différents paliers, gorgée de l’espoir de changer son destin et celui de ses proches.
Villa anima est portée par une héroïne de caractère qui se bat pour changer le monde. Malgré ses peurs et ses doutes, elle arrive toujours à trouver la motivation nécessaire et suffisante pour continuer à avancer vers son objectif. Et quand elle flanche, ses proches ont toujours un mot pour l’aider à se relever. Les personnages secondaires ne sont pas nombreux mais l’auteure a su leur insuffler assez de personnalité pour les rendre intéressants. Notamment en la personne de Racal, une jeune fille forte, qui pratique les combats de rue pour subvenir aux besoins de sa famille et en Reynes Degraives, antagoniste par excellence. Manipulateur et Maître de cérémonie, il dirige la Villa Anima comme s’il en était le seigneur et maître. Il considère d’un très mauvais œil l’ascension d’une jeune fille du peuple, voyant en sa réussite la menace de l’équilibre politique et la porte ouverte à tous.
Mais c’est probablement la Villa Anima elle-même qui surprend le plus. De sa description personnifiée à la survenue d’évènements déconcertants, la villa semble animée d’une volonté propre qui bouleverse l’équilibre et trouble les facultés de jugements du lecteur tout autant que celui de l’héroïne. Elle semble opposer une résistance à Magdalène et à sa réussite, amenant la jeune fille à se questionner sur les intentions et les motivations réelles de ces tests qu’elle s’impose. A certains moments, il est difficile de déterminer si nous sommes encore dans la réalité, si la villa joue un rôle dans l’organisation des épreuves ou si cela vient d’une personne tapie dans l’ombre qui tirerait des ficelles bien plus emmêlées qu’il n’y parait.
Entre ses personnages féminins et le combat mené pour une plus grande égalité des genres, Villa Anima s’inscrit dans les romans dystopiques féministes. Malgré quelques longueurs, l’histoire est vraiment intéressante et interroge constamment, poussant à lire toujours plus pour comprendre où l’auteure souhaite nous emmener. L’écriture est très visuelle, permettant une plus grande immersion dans le récit. La construction du récit est intelligente et permet de suivre l’évolution de l’héroïne ainsi que le fonctionnement de cet empire qui enferme les gens dans un rôle défini par leur naissance et leur sexe.
Villa Anima est un premier roman séduisant, à l’écriture moderne. Son récit engagé, porté par des personnages attirants voir, pour certains, intrigants en fait un livre féministe qui plaira aux amateurs du genre. A découvrir cette semaine en librairie!
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