Critique de Villebasse par Charybde2
Inquiétant roman-mosaïque condensé d’une ville fictive, parcours tendre, cruel et poétique parmi des gens ordinaires qui ne le sont bien entendu pas tant que ça, une réussite rare et...
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le 20 déc. 2021
Un chien errant traverse la ville et devient témoin de l’activité plutôt étrange des habitants de Villebasse. Atmosphère atmosphère… La poésie est assez rapidement revendiquée comme style officiel de ce roman choral où chaque groupe de personnages semble trimballer ses propres casseroles. Le récit reste un peu trop ventilé pour être captivant, mais la musique de la langue est plutôt bien interprétée. On pense parfois à Boris Vian dans les décalages - « Dora attrapait les mauvais jours avec une pince à sucre ». Ça ne va pas plus loin dans la comparaison. Anna De Sandre ne pousse pas assez sa fiction et se contente de chapitres courts et titrés en forme de nouvelles, pour semer ses (très nombreux) personnages dans une réalité tout de même identifiée comme très contemporaine. Elle hésite sans doute trop entre un parti-pris de l’onirisme qui l’aurait rapprochée d’un René Crevel et les petites touches d’actualité qui tombent malheureusement à plat la plupart du temps.
Le chien va-t-il réussir à rassembler le troupeau ? On le souhaite sans y croire. Mais ce chien « qui est à personne et à tout le monde à la fois » a la démarche d’un ange exterminateur qui vient faire justice à l’encontre de la violence, qui pourrait-être par moments identifiée comme le thème central du roman. Pouvons-nous aller jusqu’à dire que Villebasse est une métaphore de notre société ? Pas faux mais un peu simple. Il y a visiblement chez Anne De Sandre une volonté d’être un peu plus que ça. Un poil polar, un poil politique, on pourrait s’accrocher -comme on arrive depuis des années à suivre les romans très provinciaux de Philippe Djian- mais la multitude d’intervenants nous plombe. De Sandre nous perd et continue à faire ce qu’elle fait le mieux, chanter ses chapitres comme des cantiques avec sans doute une grande satisfaction. Elle en oublie de nous prendre la main et nous laisse apprécier l’exercice de style qu’elle développe jusqu’au bout. Assez égoistement.
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le 20 sept. 2021
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