J’ai lu goulûment les 420 pages de ce livre sans pouvoir m’arrêter, avide et presque inquiète de savoir ce qui allait arriver à ces personnages terriblement attachants, pleins d’humanité, fous d’amour pour l’Amérique et prêts à tout pour y rester.
L’histoire est toute simple, elle est celle de beaucoup…
Jende Jonga, originaire de Limbé, au Cameroun, où il travaillait pour le conseil municipal, vit depuis peu à New-York. Il multiplie les petits boulots, fait la plonge dans les restaurants de Manhattan, vit dans les sous-sols d’un foyer, mange ce qu’il trouve. Et pourtant, il ne veut pas repartir : il en est bien persuadé, son avenir est ici, sa vie aussi.
C’est en Amérique qu’il pourra s’accomplir, devenir un homme, s’enrichir. Il y croit dur, a une volonté de fer et il fera tout pour que ça marche.
Très vite, il fait venir Neni, sa femme et Liomi son fils. Et l’aventure à trois commence… Leur rêve ? La Green Card, espèce de « sésame ouvre-toi », qui leur permettrait enfin de dormir en paix et de rêver d’un avenir meilleur. En attendant, il faut trouver un avocat, payer, passer et repasser au bureau de l’Immigration afin de régulariser leur situation.
Leur état d’anxiété est indescriptible. Heureusement, Jende va finir par décrocher un travail digne de ce nom : il va devenir le chauffeur de Clark Edwards, banquier chez Lehman Brothers. Costume, cravate, « oui Monsieur, non Monsieur ». Ponctuel, serviable, affable, discret, intègre, aimant infiniment celui qu’il sert, souffrant de voir son patron inquiet ou anxieux, Jende est une perle et se coule parfaitement dans ce nouveau rôle qu’il souhaite assumer jusqu’à la fin des temps…
Sa femme reprend ses études de pharmacie et le petit Liomi s’amuse bien à l’école…
Mais, nous sommes en 2007, la crise des subprimes est là et le tremblement de terre est imminent…
Pourquoi ai-je aimé ce livre ?
Certainement parce que les personnages sont, comme je le disais au début, extrêmement attachants : je vous assure, on tremble littéralement pour eux. Leur malaise est là, palpable, insondable. Leur volonté de devenir citoyens américains si essentielle, si existentielle que l’on se dit que c’est, pour eux, une question de vie ou de mort.
Ce qui est extrêmement touchant en même temps, c’est leur immense naïveté et leur optimisme infini : ils y croient, ils le veulent, ils ont la foi et l’on espère de tout cœur pour eux qu’ils y arriveront… En attendant, ils vivent dans leur petit deux pièces de Harlem plein de cafards…
J’ai beaucoup aimé aussi, dans cette œuvre, les échanges, les dialogues entre Clark, le riche cadre et Jende, le pauvre chauffeur : l’un a tout, l’autre n’a rien et pourtant va naître entre eux une véritable fraternité qui est belle à voir et tant pis si ça fait mélo, j’assume ! Une scène finale entre eux m’a vraiment beaucoup touchée. Si j’ai pleuré ? Je ne vous le dirai pas, vous vous moqueriez…
On découvre aussi que sur cette terre d’Amérique, l’intégration n’est pas si simple, loin de là ! Et puis, au fond, posons-nous les vraies questions, comme disent les politiques : quelles sont les valeurs proposées par ce pays de rêves ? Les gens y sont-ils plus heureux qu’ailleurs ? La vie que mène Clark laisse rêveur… Bien sûr, il a de l’argent… bien sûr, sa femme peut s’acheter des vêtements Gucci ou Valentino, bien sûr la vue qu’ils ont sur Manhattan de leur appartement est à couper le souffle mais… sont-ils heureux ? Pas sûr !
Vraiment, ne boudez pas votre plaisir, vous allez vous régaler, ce serait vraiment dommage de s’en priver !
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le 12 nov. 2016

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