"Voici venir les rêveurs" de Imbolo MBUE est le récit d'un projet non abouti de délocalisation d'un couple camerounais dont le rêve est de sortir de la pauvreté du pays pour gagner les USA et l'argent qui, immanquablement, doit aller avec !
Imbolo MBUE, une des valeurs montantes de la littérature africaine, est légère, caustique, féroce, naïve, tendre et brutale. Elle traduit à souhait le choc des cultures, le besoin d'attachement aux racines, l'envie de tout accepter, tout comprendre puisque c'est le prix à payer et, en même temps, la dignité qui ne se résigne pas à oublier d'où on vient, où est la maison, le « chez nous» !


Le récit est une fiction, il permet donc d'inventer tous les personnages qui servent à tendre et détendre l'atmosphère. Il y a les trop vrais, les trop nuls, les trop naïfs et les trop purs... mais le lecteur ne peut s'empêcher de se prendre d'affection pour ce couple qui chemine sans boussole. On aime aussi cette figure si vraie parce qu'ambiguë, du trader qui gagne très bien mais peu honnêtement sa vie tout en dénonçant le système et en créant une relation de partage, de complicité avec son chauffeur camerounais. On se surprend à rire des danses du postérieur des africaines, à pleurer les problèmes d'alcool de la femme américaine, à sourire des complicités entre la nounou africaine et ces enfants nantis dont elle s’occupe. On s'étonne, comprend ou rejette les solutions inventées par ce couple pour rester aux USA... et sans le souhaiter, on accepte finalement le sort qui sera le leur.


Une belle incursion dans le monde des rêves de ces migrants qui s'inventent un Eldorado et qui souffrent à se faire à l'idée qu'entre rêve et réalité, il y a un monde à conquérir !

Créée

le 18 janv. 2017

Critique lue 260 fois

2 j'aime

Critique lue 260 fois

2

D'autres avis sur Voici venir les rêveurs

Voici venir les rêveurs
lireaulit
10

Mirage...

J’ai lu goulûment les 420 pages de ce livre sans pouvoir m’arrêter, avide et presque inquiète de savoir ce qui allait arriver à ces personnages terriblement attachants, pleins d’humanité, fous...

le 12 nov. 2016

4 j'aime

Voici venir les rêveurs
Lubrice
10

Critique de Voici venir les rêveurs par Brice B

Publié sur L'Homme qui lit : Nous sommes en 2007, en pleine crise financière des marchés américains. Jende Jonga est un camerounais originaire de Limbé, une station balnéaire anglophone située en...

le 22 août 2016

3 j'aime

Voici venir les rêveurs
François_CONSTANT
8

Critique de Voici venir les rêveurs par François CONSTANT

"Voici venir les rêveurs" de Imbolo MBUE est le récit d'un projet non abouti de délocalisation d'un couple camerounais dont le rêve est de sortir de la pauvreté du pays pour gagner les USA et...

le 18 janv. 2017

2 j'aime

Du même critique

Charlotte
François_CONSTANT
8

Critique de Charlotte par François CONSTANT

La chevauchée tragique de la Mort qui pousse à vivre. La Mort qui s’approche, s’accroche, fait peur, étouffe, éloigne, rapproche. La Mort qui force Charlotte Salomon, juive allemande, à devenir sa...

le 20 nov. 2014

18 j'aime

4

L'Amour et les forêts
François_CONSTANT
8

Critique de L'Amour et les forêts par François CONSTANT

À travers « L’AMOUR ET LES FORÊTS », paru chez Gallimard en 2014, je découvre l’auteur Éric REINHART. Belle découverte ! Bénédicte Ombredanne est une lectrice de cet auteur. Ayant apprécié son...

le 27 févr. 2015

17 j'aime

4

L'Art de perdre
François_CONSTANT
8

Critique de L'Art de perdre par François CONSTANT

« L’art de perdre » écrit par Alice ZENITER est la troublante histoire du silence de deux nations conduisant à la perte de paroles, donc de mémoire, de trois générations, celles d’Ali, Hamid et...

le 7 nov. 2017

14 j'aime