Après avoir eu un véritable coup de foudre pour le premier tome de la trilogie Lloyd Hopkins sobrement intitulé Lune Sanglante, je me suis rapidement plongé dans les ténèbres du deuxième opus écrit par James Ellroy : A cause de la nuit. Basé sur la même structure narrative, qui consiste à faire vivre en parallèle deux protagonistes mus par des éléments traumatiques communs mais prenant des directions diamétralement opposés, le roman de James Ellroy se révèle moins efficace que son précédent même s'il fait vivre à merveille un monde fantasmagorique pseudo-psychologique. Ainsi, John Havilland, un psychiatre au passé trouble met en place une mécanique terrifiante consistant à manipuler des esprits faibles pour leur faire franchir peu à peu les limites de leur subconscient afin de leur faire vivre leurs fantasmes les plus obscurs. Véritable chef sectaire, sorte de Charles Manson du Los Angeles ancien, il manipule à merveille son entourage et trouve en l'Inspecteur Lloyd Hopkins un être digne d'être affronté. Ce roman noir de James Ellroy n'est pourtant pas forcément sa plus grande réussite tant il paraît se complaire dans une certaine facilité et se plonger dans une intrigue qui n'atteint pas le niveau de passion qu'avait su susciter Lune Sanglante chez le lecteur.
S'il est évident que James Ellroy ne signe pas un mauvais roman, son amateurisme est en revanche beaucoup plus palpable qu'auparavant, comme s'il y avait une forme d'obsession de l'auteur pour des thèmes qui tombent sur l'intrigue comme un cheveu dans la soupe. Beaucoup moins maîtrisée, la narration est même parfois lente et ne parvient pas à faire la part belle à cette ambiance pourtant si bien travaillée d'habitude du Los Angeles noir des Etats-Unis d'une certaine époque. De la même façon, la profondeur psychologique du protagoniste n'est pas ressentie par le lecteur alors même que Lune Sanglante (et tous les autres) avait su créer un personnage très puissant. Surtout, le plus surprenant est la gémellité entre les deux romans qui se ressemblent extraordinairement, mais dans laquelle le deuxième opus est une forme de pâle copie du précédent. Il y a un manque réel de moments intenses et cette obsession pour la figure féminisme et le calvinisme, bien que clairement présents, n'est pas aussi bien illustrée qu'auparavant. Quant à la fin du roman, il laisse un poil dubitatif... Mais moins aimer un roman de James Ellroy n'est jamais qu'une vaine réserve sur la qualité du caviar : une discussion byzantine.